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Les frais de scolarité varient fortement selon les régions et les instituts en masso-kinésithérapie

De 184 € à 9 200 € par an pour l'obtention d'un même diplôme. L'étude rendue publique début février par la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie dévoile de fortes disparités des frais annuels de scolarité entre région et à l'intérieur même de ces régions. En cause pour la fédération ? Le désengagement des conseils régionaux.Selon les régions, les étudiants des instituts de formation en masso-kinésithérapie (IFMK) peuvent débourser de 184 à 9 200 euros (€) par année d'études. Des disparités dénoncées par la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (Fnek). Elle a dévoilé le 7 février le résultat de son étude, détaillant les frais de scolarité pour une année d'études en fonction de chaque établissement.


Des disparités au sein même des régions

Pourquoi cette démarche ? "Pour dénoncer les disparités et inciter les régions à prendre leurs responsabilités", explique à Hospimedia le porte-parole de la Fnek, Joachim Le Tallec. Depuis la loi de décentralisation de 2004, les régions ont en effet la compétence du financement du fonctionnement des IFMK. "Il s'agit maintenant d'assumer pleinement leur rôle et d'investir pour notre formation", développe le porte-parole. L'enquête a donc été lancée auprès des quarante-deux instituts de métropole. "Des données parfois difficiles à collecter car le sujet est un peu tabou", confie Joachim Le Tallec. L'enjeu est double : à la fois mettre le doigt sur les frais "scandaleux" dans certains établissements mais aussi faire prendre conscience aux étudiants des inégalités existantes. "Quand on suit des études, on ne sait pas forcément combien ça coûte ailleurs", remarque Joachim Le Tallec.

Cette carte met pourtant en lumière de grandes disparités, y compris au sein même de chaque région, voire dans une même ville. À Limoges (Haute-Vienne) par exemple, instituts privés à but non lucratif et publics se côtoient, avec des frais de scolarité annuels respectivement de 5 500 € et 1 554 €. Et dans la même région, c'est-à-dire en Nouvelle-Aquitaine, les frais peuvent ainsi varier de 184 € à Poitiers (Vienne) à 6 800 € à Bègles (Gironde).

Le public pas toujours accessible

Les formations publiques sont-elles toujours les plus accessibles financièrement ? "Pas du tout. Certaines sont même plus chères que des formations en instituts privés", confirme Joachim Le Tallec. À Lyon (Rhône), la formation publique coûte à l'étudiant 2 500 € annuels. Des frais supérieurs à ceux de l'IFMK de Nancy (Meuthe-et-Moselle), pourtant établissement privé, où l'année coûte 744 €. En outre, au sein d'une même région, les frais entre le public et le privé sont parfois proches. En Bretagne par exemple, deux instituts proposent des formations en masso-kinésithérapie. À Rennes (Ille-et-Vilaine), la formation est privée, à but non lucratif, et ses frais annuels sont estimés à 6 700 €. À Brest (Finistère), la formation est publique. Pourtant, ses frais annuels s'élèvent à 6 000 €. C'est d'ailleurs dans cette région que les étudiants ont décidé de se mobiliser pour dénoncer des coûts qui engendrent une forte précarité (lire encadré). 

Ce sont les établissements privés à but lucratif qui s'avèrent les plus onéreux. Ils sont quatre, tous situés à Paris et en Île-de-France. Il faut compter notamment 9 200 € annuels pour suivre un cursus parisien à Assas ou encore 9 000 € à Saint-Michel. Conséquence directe des sommes versées chaque année : "le montant extrêmement élevé des frais d'inscription creuse encore davantage les emprunts bancaires que réalisent plus de 30% des étudiants", explique la Fnek.

Des initiatives étudiantes en région

Fin janvier, les associations représentants des étudiants kinésithérapeutes, soutenues par la Fnek et la Fédération territoriale de Bretagne occidentale (FédéB), ont échangé avec Anne Troalen, conseillère régionale en charge des formations sanitaires et sociales au sujet des frais d'inscription en institut. Ils doivent en effet s'acquitter de plus de 6 000 € par an pour chacune des quatre années de formation. 44% d'entre eux contractent des prêts, pour un montant moyen de 23 000 €. Les fédérations dénoncent aussi la mise en place de contrats de fidélisation, qui impliquent une prise en charge par la région des frais de scolarité, en contrepartie d'une installation pendant trois ans sur le sol breton. Toutefois, ils sont accessibles à seulement 25% des étudiants, expliquent-elles. Elles demandent donc aux élus régionaux d'intégrer le financement de fonctionnement des IFMK au vote du budget 2017. Une réponse est attendue pour mars, a annoncé le président de région. Des revendications également portées en Normandie par les étudiants d'Alençon (Orne). Un collectif est aussi en cours de création en Nouvelle-Aquitaine.

Un impact sur les choix de carrière

Ces frais ont aussi un impact sur les modes d'exercice des futurs professionnels. "Bien que l'exercice libéral soit le plus répandu à l'heure actuelle, l'attractivité du milieu hospitalier est corrélée aux frais d'inscription que supportent les étudiants", développe la Fnek. Autrement dit : le projet professionnel construit durant le cursus est souvent mis à mal par les contraintes liées aux sommes engagées pendant les études. Au printemps, la Fnek dévoilera d'ailleurs la suite de cette enquête. Elle portera plus précisément sur l'endettement des étudiants masseurs-kinésithérapeutes et "sur les sacrifices au quotidien, en matière de loisir et de logement", illustre Joachim Le Tallec. En parallèle, la Fnek prépare une contribution qui sera transmise aux candidats à la présidentielle et aux élections législatives. Le coût des études ainsi que la reconnaissance du diplôme devraient y figurer en bonne place.

Clémence Nayrac

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