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Ressources humaines

Les cadres sont les "chefs d'orchestre" de la gestion de la crise dans les services

La crise sanitaire touche aussi les cadres et cadres supérieurs de santé. Entre organisation des plannings, gestion des stocks et encouragement des troupes, ils sont aussi mobilisés à l'arrière du front. La présidente de l'Ancim, Dominique Combarnous, raconte cette forte mobilisation qui doit, prévient-elle, s'inscrire dans la durée.Ils sont en quelque sorte les "chefs d'orchestre" au sein des services face à la crise, résume simplement la présidente de l'Association nationale des cadres infirmiers et médico-techniques (Ancim), Dominique Combarnous. Dans le contexte épidémique de Covid-19, les cadres et cadres supérieurs de santé sont eux aussi au front. Parce qu'ils sont "la colonne vertébrale de l'hôpital", eux aussi, plus que jamais, sont mobilisés au sein des équipes.

Quel est l'impact de cette crise sanitaire sur leur activité
 ? Elle prend plusieurs formes, confie à Hospimedia Dominique Combarnous. "Il s'agit d'abord de rassurer. Les cadres sont tous les jours au contact des équipes, nous sommes là pour les motiver, pour les encourager, c'est très important dans cette période stressante et angoissante. Nous avons un rôle pédagogique dans la gestion de cette crise, auprès des équipes et aussi auprès des familles des patients", raconte la présidente de l'Ancim. Mais le rôle des cadres va bien au-delà, ils sont au cœur de l'organisation des services. Ces mêmes services qui de par la crise sont eux-mêmes... réorganisés.

Organiser, informer et former

"Les unités changent de spécialités, les équipes sont redispatchées, c'est un travail d'organisation et d'adaptation permanentes", confie Dominique Combarnous. Dans ce contexte, il faut, pour les cadres, informer mais aussi former les soignants qui arrivent dans un nouveau service, et notamment en réanimation. Tout en s'assurant aussi d'avoir sous la main "suffisamment de forces vives" pour compléter les plannings. "Nous devons lister les personnes disponibles, c'est une synthèse permanente", ajoute la cadre.
Il y a, pour tous les professionnels, un gros travail de répartition des compétences, nous avons besoin de l'aide de chacun.
Dans de nombreux établissements, une cellule de crise dédiée — composée en partie des cadres de santé — permet de faire la synthèse constante des effectifs et de réaffecter les personnes disponibles dans les services. Mutations, retour des personnels retraités, mobilisations via la réserve sanitaire, étudiants en soins infirmiers volontaires... l'ajustement est permanent pour pouvoir répondre à la forte demande de prises de en charge. Pour permettre ce travail, les cadres exerçant des fonctions dites transversales, comme la logistique, sont pour la plupart rappelés dans les services de premières lignes. "Au sein de mon CHU — les Hospices civils de Lyon (HCL) — les cadres de bloc opératoire sont présents dans les services de réanimation. Il y a, pour tous les professionnels, un gros travail de répartition des compétences, nous avons besoin de l'aide de chacun", illustre Dominique Combarnous.

Permettre à chacun de récupérer

Ce sont aussi les plannings des cadres eux-mêmes qui sont revus. "Les équipes sont non seulement renforcées mais bon nombre passent en "7j/7", c'est le cas évidemment aux urgences", ajoute la présidente de l'Ancim. Dominique Combarnous le reconnaît
 : les cadres de santé ne sont pas "en première ligne" face à la contamination mais ils conservent un "gros travail de motivation et d'organisation". Cela prend des formes inédites, de la lettre d'information quotidienne envoyée à l'équipe — "y compris ceux qui sont en repos, il faut maintenir le lien dans les équipes" — à la flashmob mise en ligne sur les réseaux sociaux. "Nous cherchons tous les moyens pour conserver et booster le moral des troupes", plaisante Dominique Combarnous. D'autant que — et la présidente insiste — cette mobilisation doit s'inscrire dans la durée. "Il est très important que nous permettions à chacun d'avoir des plages de récupération, de pouvoir souffler. Cette crise va demander à tout le monde des efforts dans la durée", glisse-t-elle.

Adapter les procédures et gérer les détails du quotidien

Dans ce contexte, au-delà des ressources humaines, les cadres de santé ont aussi un rôle déterminant dans la gestion des risques. Via l'information sur les recommandations par exemple —
 "la communication est essentielle, on en apprend chaque jour un peu plus sur ce virus" — ou encore via leur participation aux cellules d'ordonnancement des lits dans les établissements qui en ont créé une. "L'idée est de ne pas mélanger les flux patients par exemple", précise Dominique Combarnous.
Actuellement nous sommes dans l'action, l'hôpital doit tenir, nous devons tenir. Chaque cadre gère son stress, même si c'est au prix de nombreuses insomnies...
Face au virus, ce sont les cadres qui veillent au respect des recommandations d'hygiène. Un vraie charge mentale : "Nous veillons à des choses toutes bêtes mais qui sont indispensables. Par exemple, pour la pause déjeuner, il faut organiser aussi un planning. Pour éviter que les professionnels exposés croisent ceux qui ne le sont pas dans des salles souvent exigües, cela pose la question de la vaisselle aussi, des plages pour l'aération de la salle", liste la présidente de l'Ancim. Des détails qui ont leur importance dans la lutte contre l'épidémie et pour protéger professionnels et patients. Et puis il y a le volet "commandes". Le stock de gel hydroalcoolique ou de masques disponibles dans les services, ce sont eux. Eux aussi qui adaptent les procédures au port des équipements de protection. "Tout est important, et tout prend plus de temps. Nous avons aussi veillé beaucoup aux vols de ces équipements mais maintenant que les services sont fermés aux visites, cette gestion est simplifiée", décrit la cadre de santé.

Penser l'après crise

Déjà l'Ancim se projette dans "l'après". "Actuellement nous sommes dans l'action, l'hôpital doit tenir, nous devons tenir. Chaque cadre gère son stress, même si c'est au prix de nombreuses insomnies, mais qu'en sera t-il de l'après
 ? Il faudra être vigilant à chaque membre des équipes quand la crise sera passée", confie Dominique Combarnous. L'Ancim a d'ores et déjà noué un partenariat avec l'association Soins aux professionnels en santé pour les cadres et tous les professionnels qui connaîtraient des situations de souffrances pendant ou après la gestion de la crise (lire nos articles ici et ). 

Clémence Nayrac

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