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L'AP-HP réclame de nouvelles mesures pour "casser la chaîne de transmission"


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Depuis le 9 avril et à l'instar de l'Île-de-France, une "accalmie" est observée par l'AP-HP en réanimation. Mais elle reste relative. Pour que la redescente s'opère bien plus vite qu'en Italie, il convient de "forcer" plus encore cette amélioration.Pour la deuxième journée consécutive, l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a connu ce 10 avril une très légère baisse du nombre de patients souffrant du Covid-19 placés en réanimation. Le total du CHU francilien s'élève désormais à 1 098 malades (-1 en 24 heures après un premier -6 constaté la veille) sur un total de 4 824 en hospitalisation pour cause de coronavirus*. Rien de spectaculaire, note l'AP-HP, pour autant cette "accalmie très relative" est accueillie avec un "certain soulagement", ont fait savoir ses responsables ce 10 avril à l'occasion d'un point presse.

Cesser la réanimation hors les murs

En l'occurrence, a indiqué le Pr Bruno Riou, directeur médical de crise du CHU, "nous ne sommes pas sur un pic qui redescend" mais bel et bien sur un "plateau". De fait, une "grande vigilance" reste de mise même si ce dernier ne cache pas "être rassuré de voir cette courbe se casser. Notre peur de ne pas pouvoir faire face en réanimation est écartée." Début avril, le CHU recensait au quotidien plus de 300 cas supplémentaires en réanimation, puis après deux ou trois jours entre 200 et 230 et enfin 181 le 10 avril. Globalement à l'échelon francilien, près de 250 places (incluant 40 des 85 lits déjà ouverts à l'hôpital Henri-Mondor, lire notre article) sont désormais disponibles sur 2 614 patients en réanimation ce 13 avril (-4 en 24 heures). Autre signal positif, la cellule régionale de régulation de ces mêmes lits de réanimation est pratiquement inactive depuis deux jours la nuit. L'intérêt de ce repli est double : d'une part cela offre une capacité de reconversion pour mettre fin aux lits hors les murs ; d'autre part cela laisse une marge de manœuvre pour accueillir des flux de réanimation de patients non atteints du Covid-19.

Cependant, les chiffres restent à un très haut niveau "qu'on ne pensait jamais atteindre", prévient le praticien, avec plusieurs patients encore et toujours placés en réanimation dans des salles de surveillance postinterventionnelle ou dans des blocs opératoires. En outre, l'établissement reste "à la merci d'un éventuel cluster" de Covid-19 et connaît toujours un nombre très élevé de malades hospitalisés, dont une partie nécessitera sous peu des lits de réanimation. C'est pourquoi dix patients graves de l'AP-HP ont été transférés ce même jour par deux TGV médicalisés vers la Nouvelle-Aquitaine avec 36 autres malades franciliens (lire notre article). Un premier au CHU de Bordeaux (Gironde), un deuxième au CHU de Poitiers (Vienne) et au CH d'Angoulême (Charente).

90% de cas en moins dans 15 jours...

Pour le Pr Renaud Piarroux, chef du service de parasitologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, "il ne s'agit pas d'une évolution spontanée de l'épidémie", seul le confinement l'explique, et la redescente s'annonce du coup "très très lente". Et de citer le cas italien, où la baisse n'est que de 20 à 25% en quinze jours de repli. "C'est trop lent", glisse l'intéressé. "Ça présage d'une durée de l'épisode longue et très difficile à supporter d'un point de vue sociétal et économique." Par conséquent, "il y a matière à faire plus", insiste le praticien, réclamant d'autres mesures en sus du confinement pour clairement "casser la chaîne de transmission".

Cela suppose par exemple de changer d'approche sur la gestion des masques en permettant aux patients suivis à domicile de s'en procurer en pharmacie et de se protéger ainsi eux-mêmes et leur entourage. Il s'agit aussi de pratiquer des tests autour des patients pour isoler les sujets asymptomatiques. Et vu les difficultés à maintenir un isolement adéquat à quatre ou cinq dans un petit appartement, le médecin propose de mettre en place un dispositif non coercitif de logements en chambres d'hôtel. En résumé, c'est tout un ensemble de mesures qui doivent être prises pour "forcer l'amélioration" et aboutir peut-être dans quinze jours à 90% de cas en moins.

Épuisés, les internes franciliens réclament des bras en plus

Le 9 avril, le Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) et le Syndicat représentatif parisien des internes de médecine générale (SRP-IMG) ont appelé à l'aide leurs "co-internes" des autres régions. "Après des semaines de lutte, nos réserves en volontaires franciliens avec des compétences d'anesthésie-réanimation sont épuisées et ne permettent pas de les remplacer en cas d'arrêt maladie ni de faire face à l'ouverture de nouveaux lits", écrivent-ils.

En trois semaines, la cellule de crise du SIHP et du SRP-IMG, constituée de 35 internes bénévoles à temps plein, a accompagné le redéploiement de 1 500 internes sur l'ensemble de l'Île-de-France. "Pour ça, nous avons dû créer dans l'urgence nos propres outils avec le soutien d'un ingénieur informatique, bénévole également", soulignent les deux syndicats. Et de rappeler que tous les frais (trajets, hébergement et restauration) sont pris en charge par les hôpitaux qui accueillent ces redéploiements. "Si la présence des internes devenait nécessaire dans leur ville d'origine, leur retour s'organiserait immédiatement", ajoutent-ils.

Thomas Quéguiner

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