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Plateau technique

Une enquête précise la réalité des chiffres sur la vaccination en réanimation

Face aux chiffres et spéculations sur le poids des patients non vaccinés sur l'hôpital, la Société française d'anesthésie-réanimation a mené une enquête de type "Un jour donné". Les résultats mettent l'accent sur la forte proportion de non-vaccinés parmi les patients Covid les plus graves en réanimation et la part de faux pass sanitaires.
Les patients vaccinés et ventilés sont soit immunodéprimés soit porteurs de plus de comorbidités que les patients non vaccinés également ventilés. (Pascal Bachelet/BSIP)
Les patients vaccinés et ventilés sont soit immunodéprimés soit porteurs de plus de comorbidités que les patients non vaccinés également ventilés. (Pascal Bachelet/BSIP)

Le ministère des Solidarités et de la Santé diffuse régulièrement, via la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), des chiffres, étalés dans le temps, sur le statut vaccinal des patients hospitalisés atteints par la maladie Covid-19. Si ces informations, basées sur les données des systèmes d'information nationaux, ne sont pas fausses, elles prêtent à interprétations diverses. Cela a conduit le comité réanimation de la Société française d'anesthésie-réanimation (Sfar) à mener son enquête avec une méthode différente.

"Nous entendons beaucoup que la vague n'est pas si haute, que les vaccinés représentent la moitié des patients en réanimation. Sur le faux pass, nous voyons tout et son contraire sur les réseaux sociaux et dans la presse", explique à Hospimedia le Pr Olivier Joannes-Boyau, président du comité réanimation de la Sfar et chef du pôle anesthésie-réanimation du CHU de Bordeaux (Gironde). Une enquête de type "Un jour donné" a ainsi été menée. La remontée des données relatives au 29 décembre de 165 réanimations permet de compléter et préciser les chiffres de la vague Covid dans les services de soins critiques.

80% des patients ventilés sont non vaccinés

Selon la Drees, les patients non vaccinés représentent 55% des entrées en réanimation entre le 22 novembre et le 19 décembre 2021. Une proportion qui masque la durée des séjours, bien plus longue pour ces patients. "La Drees ne tient pas compte du taux de patient en réanimation à l'instant T. Les patients Covid vaccinés sont moins gravement atteints et séjournent moins longtemps", recadre Olivier Joannes-Boyau en rappelant que ces chiffres nationaux demeurent vrais. Selon les données de la Sfar, la proportion de non-vaccinés ou avec une vaccination incomplète parmi les patients hospitalisés avec mise en place d'une ventilation mécanique est de 80%. Un chiffre qui résume la réalité de terrain constatée par les praticiens. "Ceux qui bloquent les lits, ce sont les non-vaccinés", résume le praticien.

Si cette donnée ne fait pas partie de l'enquête de la Sfar, les praticiens hospitaliers constatent une part importante de patients immunodéprimés parmi les vaccinés placés sous ventilation. "Les patients non vaccinés sont plus jeunes et peu comorbides. Les moins de 50 ans sans antécédent représentent une part non négligeable des admissions", précise le chef de pôle du CHU aquitain. Ce dernier rapporte, de manière plus anecdotique, que 4,5% des patients ventilés ont un faux pass vaccinal. "Il s'agit seulement des patients qui ont avoué avoir un faux pass, ce chiffre est probablement sous-évalué", estime-t-il. Dans les données de la Drees, cette petite proportion de patients entre dans la catégorie des vaccinés.

Les patients ventilés pour Covid-19 occupent 31% des lits ouverts en réanimation, dans un contexte de fortes tensions sur les ressources humaines qui limitent l'ouverture de nouvelles places. Cette proportion, à laquelle s'ajoutent les patients Covid sous oxygène à haut débit, est un marqueur fort de la pression de cette pathologie sur l'hôpital. "30% des lits consacrés à une pathologie, cela pose un vrai problème de santé publique. D'habitude, d'autres patients sont dans ces lits. Des choix ont dû être faits, avec des déprogrammations de chirurgie lourde par exemple", pointe Olivier Joannes-Boyau. Alors qu'avec la vaccination, entraînant moins de patients hospitalisés et sur une durée plus courte, cette pression du Covid-19 serait beaucoup moins forte. S'il existe des disparités locales en effet, le système hospitalier n'en est pas moins embolisé par cette nouvelle vague.


Jérôme Robillard

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