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L'emploi inclusif pare au plus urgent mais se prépare à des temps difficiles

Alors que le pays met en place des mesures de confinement inédites, le secteur de l'emploi inclusif tente prioritairement de protéger ses travailleurs, tout en se préparant à des difficultés économiques importantes. Les entreprises adaptées et les établissements et services d'aide par le travail (Esat) subissent de plein fouet les effets de la crise sanitaire du coronavirus. D'un point de vue humain tout d'abord car leurs travailleurs sont souvent plus fragiles que la population (lire notre article). Mais également d'un point de vue économique puisque leur fonctionnement financier repose partiellement voire majoritairement sur leur production et donc par conséquent sur leurs relations avec leurs clients. Il s'agit donc pour les Esat comme pour les entreprises adaptées de protéger leurs salariés et personnes accompagnées tout en essayant de maintenir à flot leur modèle économique. Évidemment, "nous sommes tous pour combattre le Covid-19", déclare Didier Rambeaux, président de l'Association nationale des directeurs et cadres d'Esat (Andicat), à Hospimedia. Par conséquent, "nous essayons de réduire l'activité au strict minimum".

Néanmoins, certaines activités ne peuvent être stoppées : "Il y a plein de cas particuliers ; certaines activités sont essentielles comme la blanchisserie de certains services hospitaliers, des travaux de nettoyage ou de restauration interne." Du côté des entreprises adaptées, c'est le même son de cloches, stopper l'activité afin de protéger les travailleurs, oui, mais sans ralentir le fonctionnement des hôpitaux. Ainsi, Cyril Gayssot, président de l'Union nationale des entreprises adaptées (Unea), sollicité par Hospimedia, fait état d'au moins 56 fermetures totales d'établissements et 34 fermetures partielles sur les retours du terrain qu'il a d'ores et déjà collectés.

Se pose alors la question de la continuité de l'accompagnement, notamment pour les Esat. "70% de nos travailleurs sont indépendants et ne vivent ni chez leurs parents, ni dans des centres d'hébergement", explique Didier Rambeaux, "dans ce cadre-là, comment continuer l'accompagnement ?" Avec des problèmes très pratiques : "Par exemple, il peut être difficile pour certains de nos travailleurs de se procurer l'attestation de déplacement dérogatoire." En effet, de nombreuses personnes accueillies en Esat ne savent ni lire ni écrire. En outre, le public accueilli par ces établissements médico-sociaux est souvent atteint de handicap mental ou psychique, dont les manifestations pourraient s'accentuer dans ce climat anxiogène. Du côté des entreprises adaptées, l'interrogation est la même. "Nos salariés sont apeurés, nous ne savons pas dans quel état nous allons pouvoir les faire revenir", craint Cyril Gayssot. Question qui pourrait d'ailleurs s'étendre également aux salariés qui ne sont pas en situation de handicap. C'est pourquoi les directeurs essayent de mettre en place des systèmes de soutien. "Par exemple, dans mon entreprise, nous avons mis sur pied un système de SMS quotidiens", détaille le président de l'Unea.

Un coup économique

Si la priorité du secteur reste la protection de ses travailleurs en situation de handicap ou non, il se prépare également à un coût économique non négligeable. En conférence de presse téléphonique, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, qualifiait de "longue et violente" la "guerre économique et financière" qui débute. Dans ce contexte-là, les situations des Esat et des entreprises adaptées cessent d'être similaires, ces premières relevant du Code de l'action sociale et des familles et ces secondes du Code du travail. Ainsi, "nos travailleurs ne peuvent prétendre au chômage partiel", constate Didier Rambeaux. "Mais nous n'aurons pas de problèmes de licenciement." Les Esat peuvent se tourner vers leurs tutelles, les ARS, qui continueront à devoir verser vers l'allocation aux adultes handicapés (AAH). En revanche, "quid de l'aide au poste ?", s'interroge le président d'Andicat.

Pour les entreprises adaptées, différents dispositifs sont en préparation, en plus de l'élargissement de la plateforme Ameli pour obtenir des congés maladie exceptionnels garde d'enfants et mise en quarantaine pour les personnes s'auto-évaluant fragiles. L'Unea pense en effet obtenir "la mise en sommeil des planchers plafonds d'effectifs pour obtenir le conventionnement entreprise adaptée", divulgue Cyril Gayssot. Elle espère également pouvoir disposer d'"un fonds, pour les entreprises qui en auraient besoin, d'aides compensatoires directement fléchées, sans repasser par des enveloppes régionales, etc.". En effet, des dysfonctionnements et des délais de mise en place du système des aides compensatoires par l'Agence de services et de paiement (ASP), qui auraient obéré les trésoreries de certaines entreprises adaptées, a été signalé par l'union. D'autres appuis aux entreprises adaptées sont également en cours de préparation comme la mise en place de numéros d'assistance.

Plus généralement, cette crise sanitaire risque de faire beaucoup de vagues. Toutes les dates de l'Inclusive tour ont dû être annulées, sauf celles de septembre et la tenue de l'Inclusive day est plus qu'incertaine. "Il y a plein de choses qui vont être retardées", constate Cyril Gayssot. Selon lui, "nous n'allons pas réussir à tenir nos engagements d'embauche immédiatement, les 40 000 emplois (lire notre article), on va les faire mais pas tout de suite".

Les mesures de soutien du Gouvernement aux entreprises

Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, a annoncé différents dispositifs de soutien aux entreprises dont pourraient bénéficier certaines entreprises adaptées. Ils sont détaillés dans une brochure diffusée par le ministère (à télécharger ci-dessous).
Dans les grandes lignes, il s'agit de :
  • délais de paiement d'échéances sociales et/ou fiscales ;
  • remises d'impôts directs, "dans les situations les plus difficiles" ;
  • report du paiement de certaines charges (loyers, électricité...) ;
  • garantie de lignes bancaires ;
  • aide de 1 500 euros pour les plus petites entreprises ;
  • appui au traitement des conflits.

Edoxie Allier

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