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Gestion des risques

Le secteur de l'addictologie manque de recommandations et de moyens de protection

La DGCS dialogue avec les acteurs médico-sociaux pour les aiguiller face à la progression du Covid-19. Mais le secteur de l'addictologie semble avoir été oublié. Ses représentants se mobilisent pour faire remonter les problématiques spécifiques.Le secteur de l'addictologie, comme l'ensemble du champ médico-social, est à pied d'œuvre pour assurer la continuité de l'accompagnement des publics en difficulté spécifique, malgré la crise sanitaire que traverse la France et les mesures de confinement en vigueur depuis le 17 mars. Pourtant, au début de la crise épidémique lié au Covid-19, le "secteur tout entier était quelque peu oublié dans les recommandations nationales", pointe la Fédération addiction dans un communiqué. Elle cite la non-inscription des centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) et des centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques chez les usagers de drogues (Caarud) pour bénéficier de la garde d'enfants, mais aussi l'absence de recommandations spécifiques et d'approvisionnement en matériel de protection.

Cet oubli est "fréquent", regrette le Pr Michel Reynaud, président du Fonds actions addictions. Pourtant ces structures accompagnent des personnes vulnérables "pour différentes raisons". Risques cardiovasculaires, cancers, cirrhoses, mais aussi troubles psychiatriques sont en effet fréquents. "Souvent, des problématiques sociales se surajoutent", insiste Michel Reynaud.

Proroger les traitements de substitution

Si le secteur se mobilise déjà, en l'absence de recommandations officielles, un texte réglementaire était attendu, pour permettre la prorogation de trois mois, par les pharmacies, des traitements de substitution aux opiacés. Une demande "particulièrement urgente", souligne le Dr Jean-Michel Delile, président de la Fédération addiction, car ces traitements nécessitent la plus grande continuité. Un arrêté a été publié en ce sens, ce 20 mars. Un accord de la Direction générale de la santé (DGS) avait déjà été obtenu sur ce point et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) avait émis un avis favorable. Ne manquait donc plus que la publication du texte au Journal officiel.

Maintenir l'activité

Le maintien de l'activité des Csapa et des Caarud est un enjeu primordial, estime le Dr Amine Benyamina, président de la Fédération française d'addictologie. Aucune recommandation spécifique n'a été émise pour le moment. Il appelle alors à une information officielle auprès des structures pour inciter à la poursuite de l'accompagnement "en intégrant des mesures de sécurité", et à distance, le cas échéant. Mais cela soulève une autre problématique, note le Pr Michel Reynaud, car les structures ne sont pas équipées pour la téléconsultation.

Les professionnels des Csapa et Caarud ne sont pas reconnus comme pouvant bénéficier de la garde de leurs enfants, contrairement aux soignants et aux autres acteurs du champs médico-social. "Nous n'avons pas été invités aux rencontres organisées par la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), reprend Jean-Michel Delile. Heureusement, certaines ARS nous ont permis d'entrer dans le circuit." Néanmoins, pour le moment, le bénéfice de la garde d'enfants est laissé au bon vouloir des agences.

Matériel de protection "inexistant"

Quant au matériel de protection, "il est inexistant", lance le Dr Amine Benyamina. "Nous avons demandés à être intégrés à la liste des structures pouvant bénéficier de masques", reprend Jean-Michel Delile, mais cette demande n'a pas été prise en compte pour le moment. "Beaucoup de Csapa sont médicalisés", les professionnels de santé pourront alors avoir accès à quelques masques. C'est beaucoup moins le cas pour les Caarud, rappelle le président de la Fédération addiction.

Les représentants du secteur de l'addictologie devraient bientôt être intégrés au point hebdomadaire de la DGCS et deux rendez-vous téléphoniques vont désormais se tenir, chaque semaine, entre la DGS, l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa) et la Fédération addiction, précise cette dernière. Un espace de dialogue a déjà été ouvert avec l'administration centrale, qui a permis de faire remonter ces différentes problématiques. Des mesures devraient en tout cas être prises d'ici la fin de la semaine, précise la fédération sur son site. "Elles sont indispensables."

Cécile Rabeux

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