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Politique de santé

Le conseil scientifique se prononce en faveur d'un confinement d'au moins six semaines

Au lendemain des annonces du Premier ministre, le conseil scientifique Covid-19 a rendu son avis sur le confinement ce 24 mars. Il se prononce pour son renforcement et son prolongement, dans un souci de soulager les services de réanimation.

Prenant acte de la décision du Conseil d’État (lire notre article), le Gouvernement a publié de nouvelles mesures de confinement, plus restrictives, par un décret paru au Journal officiel (JO) ce 23 mars. Des mesures annoncées la veille par le Premier ministre, Édouard Philippe, sans attendre l’avis du conseil scientifique, dont la parution était prévue dans la matinée du 24 mars pour finalement être mis en ligne dans la soirée du 24 mars. Questionné spécifiquement sur la reconduction du confinement au-delà des quinze premiers jours, le conseil scientifique considère qu'il est en effet indispensable de le prolonger.

Soulager les services de réanimation

Il rappelle que "cette intervention vise en premier lieu à soulager les services de réanimation français, en réduisant le nombre de formes graves nécessitant un séjour en service de réanimation". Par ailleurs, les effets épidémiologiques du confinement ne peuvent être observés qu’à partir d’une durée de deux à trois semaines à partir de sa mise en œuvre. Trois semaines après le démarrage du confinement sont donc nécessaires pour obtenir une première estimation de son impact, explique le conseil. Il incite en outre le Gouvernement à "s’assurer que les éléments d’une stratégie post-confinement sont opérationnels." Le conseil scientifique émettra prochainement un avis sur la stratégie de "sortie du confinement", indique-t-il. Le confinement durera donc "vraisemblablement" au moins six semaines à compter de sa mise en place. "Pour appuyer la décision de sortie de confinement, il est important de consolider les systèmes de surveillance épidémiologique en place dans les hôpitaux. Ce recueil de données est difficile lorsque les établissements hospitaliers sont débordés", reconnaît l'instance.

Des mesures urgentes sur le pilotage

Sur la question du renforcement du confinement, "avec une grande humilité et dans un contexte évolutif et de grande incertitude", le conseil scientifique estime de manière consensuelle qu'il est également nécessaire. Il développe plusieurs options en ce sens avant de lister des points de vigilance. Il alerte sur l'approvisionnement en matériel : il considère indispensable d’assurer l’approvisionnement en équipement de matériel de protection personnels les soignants en priorité des différents secteurs médicaux et médico-sociaux.

Il considère aussi indispensable que dans le cadre de d’état d’urgence sanitaire soient rapidement prises des mesures sur le pilotage, l’organisation et la coordination des soins, la circulation de l’information et la mobilisation des moyens logistiques nécessaires. Il alerte de plus sur la situation de la médecine de ville, rappelant "le rôle essentiel que jouent les médecins généralistes pour la prise en charge et le suivi des patients Covid-19 ainsi que ceux atteints d’autres pathologies". L'accent est aussi mis "fortement" sur la santé psychique et la nécessité d’accompagner les mesures actuelles de prise en charge spécifique notamment pour les personnes isolées ou précaires. Le conseil scientifique souligne "l’importance majeure" d’impliquer le monde associatif dans les semaines qui viennent et détaille aussi les nécessités de la prise en charge spécifique des corps des défunts victimes du Covid-19. Il recommande d'y associer "écoute et humanité".


Un confinement "trop laxiste"

À l'origine de la saisie du Conseil d'État référé-liberté le 19 mars, le syndicat Jeunes médecins a réagi dès ce 24 mars aux annonces du Premier ministre. "Alors que 87% des Français sont favorables à un renforcement des mesures de confinement (selon un sondage Ifop), les mesures annoncées sont encore trop laxistes et semblent même contraires à la décision du Conseil d’État", estime le syndicat. Il explique en outre que selon la littérature médicale et les expériences vécues récemment à l’étranger, "seul un confinement total, sur une période transitoire, permet d’endiguer la progression de l’épidémie". Un ralentissement de la contamination est nécessaire pour éviter un engorgement des services de réanimation et permettre aux soignants de reprendre le contrôle sur l’épidémie, poursuit-il. Un point de vue partagé ce 24 mars par l'ensemble des représentants de l'infectiologie — collège, conseil national et société savante — qui affichent dans un communiqué leur "soutien total aux mesures de confinement imposées depuis le 17 mars car ces mesures, si elles sont bien respectées, sont notre meilleure arme pour infléchir le pic de cette épidémie et en limiter les conséquences".
Jeunes médecins déplore toutefois, de son côté, que les mesures annoncées soient parfois "contradictoires". Si certaines étaient "nécessaires et vont dans le bon sens", comme la réquisition de tous les masques des entreprises privées pour pallier la pénurie dont souffrent les soignants", celle-ci s'avère contradictoire avec le message du Gouvernement "de poursuivre le travail dans tous les secteurs, alors même que nos voisins italiens ont pris des décisions drastiques mais nécessaires en la matière", note le syndicat.

Clémence Nayrac

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