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Le renfort de respirateurs est pour bientôt

Les industriels, du secteur de la santé ou non, sont pleinement mobilisés dans l'effort de production d'équipements médicaux durant l'épidémie de Covid-19. La production de respirateurs en France s'organise désormais autour d'un nouveau consortium.La stratégie du Gouvernement de porter à plus de 14 000 la capacité de lits en réanimation pour l'accueil des cas graves du Covid-19, exposée ce 29 mars par Édouard Philippe au grand public (lire notre article), implique de disposer des équipements qui les accompagnent, notamment les respirateurs. D'après les explications fournies dans une note de presse par les services du Premier ministre, l'objectif consiste en la matière en une conversion de respirateurs de transport et de respirateurs d'anesthésie, une commande de 1 000 équipements à Air Liquide dont la capacité industrielle a été augmentée pour en livrer 10 fois davantage, mais aussi en l'importation de l'étranger et une répartition inter-régionale.

Ce 31 mars en déplacement à Saint-Barthélemy-d'Anjou (Maine-et-Loire) sur le site de l'entreprise Kolmi-Hopen spécialisée dans la fabrication de matériel médical et chirurgical, le président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré que la France est engagée dans un effort de production sans précédent. S'agissant plus précisément des respirateurs, le chef de l'État a informé qu'un consortium s'est constitué autour d'Air Liquide, avec Schneider Electric, Valeo et le groupe PSA pour produire 10 000 respirateurs lourds et léger d'ici la mi-mai.

10 000 respirateurs en 50 jours


Dans un communiqué diffusé dans la foulée de cette annonce présidentielle, Air Liquide a précisé coordonner "un groupe de travail d'une trentaine d’experts en achats et industrialisation afin de définir le plan d’actions nécessaire pour augmenter la production des respirateurs [...]. Ce défi industriel fera également appel à la contribution exceptionnelle de 100 entreprises partenaires pour assurer la fourniture des 300 composants essentiels à la fabrication de ces équipements médicaux." Concrètement, trois lignes de production supplémentaires, organisées en trois équipes travaillant six jours par semaine permettront de multiplier les cadences dans les ateliers. Deux modèles de respirateurs d'Air Liquide seront ainsi livrés en six semaines, "à prix coûtant", a notifié l'entreprise : plus d'une centaine de respirateurs par semaine jusqu'à mi-avril, puis plus de 1 000 par semaine.

Le producteur allemand Dräger a aussi expliqué ce 31 mars par communiqué multiplier ses capacités de production pour la livraison de respirateurs lourds de réanimation dans le monde. Stefan Dräger, directeur général du groupe, dont les propos sont repris dans ce communiqué, a toutefois prévenu que "la capacité de production de l'ensemble des fournisseurs de respirateurs au niveau mondial ne permettra sans doute pas de satisfaire la demande ; et la seule fourniture de respirateurs ne suffira pas à régler le problème rapidement".

Système D, impression 3D...

D'autres initiatives voient donc le jour, à l'instar du projet Minimal universal respirator. Le Club sandwich studio l'a lancée dès le 16 mars. Elle s'attèle à la création d'un dispositif de respiration artificielle d'urgence, "peu onéreux et facilement reproductible", d'après les éléments du site. Ses promoteurs expliquent l'avoir conçu "à partir du minimum de matériel possible et en favorisant l'utilisation de composants accessibles au plus grand nombre". Ils indiquent s'être appuyés dans cette démarche sur les recommandations de la Société française d'anesthésie-réanimation. Mais de n'être qu'à l'état de prototype et à ce titre à l'essai au sein de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris. En effet, "ce n'est pas parce qu'on est en manque qu'il faut faire n'importe quoi", a soutenu Valérie Moreno, présidente de l'Association française des ingénieurs biomédicaux (Afib), interrogée ce 31 mars par Hospimedia sur l'opportunité d'utiliser de tels systèmes D. Le regard et surtout l'expertise de l'ingénieur biomédical est, selon elle, crucial pour la suite, ne serait-ce que pour la maintenance et l'approvisionnement. À noter que l'Afib et un réseau d'imprimeurs 3D proposent de fabriquer des éléments pour maintenir ou augmenter les capacités ventilatoires des établissements. "Le réseau d'imprimeurs 3D met à disposition 200 imprimantes 3D prêtes à fabriquer gratuitement, des pièces détachées non critiques. Ils ont par exemple récupéré des plans de valve de boussignac déjà utilisées en Italie", signale l'Afib. D'autres initiatives impliquant l'impression 3D se dévoilent aussi dans divers pays du monde.

Outre-Manche, il y a aussi le projet d'équipement de ventilation CPAP de l'University College London (Grande-Bretagne), conçu avec les ingénieurs de chez Mercedes, ou encore celui de Dyson, le fabriquant d'aspirateurs. La célèbre firme high tech a annoncé ce 30 mars la finalisation d'un prototype de respirateur développé avec les laboratoires The Technology Partnership. In fine, de nombreuses entreprises et industries se disent prêtes pour participer à l'effort de guerre et la production des équipements nécessaires mais le problème réside dans la technologie, propre à chaque fabricant. Ainsi un laps de temps est-il requis pour adapter les ateliers de production des usines volontaires.

Les ingénieurs biomédicaux au front

"Ces derniers jours, le grand public a découvert l'existence des ventilateurs de réanimation", pointe l'Association française des ingénieurs biomédicaux (Afib) dans un communiqué ce 30 mars. Pourtant "ce dispositif est loin d'être le seul nécessaire pour prendre en charge le patient présentant des complications graves", précise l'association. Quotidiennement, pointe-t-elle, les ingénieurs biomédicaux recensent l'ensemble des dispositifs, réaffectent des équipements sensibles aux unités créées en urgence, organisent la maintenance et maintiennent l'approvisionnement en pièces. Pour eux, l'Afib met à disposition une boîte à outils sur son site, des supports de formation rapide sur les équipements et des recommandations d'utilisation spécifique dans le cadre du Covid-19. Une réserve biomédicale se constitue également. 21 ingénieurs biomédicaux se sont à ce jour déclarés, indique Valérie Moreno, présidente de l'association, à Hospimedia. Ainsi la profession se montre-t-elle disponible pour participer à des groupes de travail, notamment la cellule de coordination interministérielle logistique et moyens sanitaires ou un groupe de la Direction générale de la santé sur l'approvisionnement en dispositifs médicaux et médicaments.


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