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Le Haut-Rhin renonce aux tests sérologiques et veut intensifier les tests PCR en Ehpad

Le département du Haut-Rhin renonce aux tests sérologiques mais veut renforcer la PCR en Ehpad. Le CNP gériatrie encourage des dépistages différenciés selon les profils et le Synerpa constate la multiplication des tests étendus aux résidents.Comme il s'y est engagé, le département du Haut-Rhin est revenu devant la presse le 21 avril présenter les enseignements de la première campagne de tests sérologiques réalisée auprès de dix Ehpad (lire notre article). La collectivité renonce à poursuivre cette campagne de tests sérologiques mais a obtenu de l'ARS Grand-Est que les établissements médico-sociaux du département soient considérés comme prioritaires pour les dépistages PCR (pour reverse transcriptase et réaction de polymérisation en chaîne) en cas de nouvelle suspicion de Covid-19. Par ailleurs l'expérimentation via la sérologie a montré que plus du tiers des résidents a été en contact avec le coronavirus et qu'il existe une bonne concordance entre l'évaluation clinique et la cartographie établie à partir de ces tests.

Le département tient compte de l'analyse de la HAS

Pour éviter toute polémique, Brigitte Klinkert, présidente du Bas-Rhin, a précisé que la collectivité s'est engagée dans cette campagne le 14 avril, soit plus de deux jours avant la publication du cahier des charges de la Haute Autorité de santé (HAS, lire notre article). Le 20 avril, l'ARS Grand-Est a rappelé dans un communiqué que la fiabilité des tests sérologiques n’est pas établie et que "le défaut de performance d’un test peut entraîner des conséquences graves pour les personnes se croyant faussement immunisées".

"Le cahier des charges de la HAS oblige à la plus grande prudence puisqu'elle analyse que les tests sérologiques ne permettent pas de statuer sur la contagiosité de la personne. Cette interprétation nous a d'ailleurs été confirmée pendant la phase de tests par l’institut de virologie de Strasbourg. Avec les tests actuels, la cinétique de production des anticorps est mal caractérisée et la réponse immunitaire n’est pas systématiquement source de réponse protectrice. À la lumière de cette analyse, nous estimons que les tests sérologiques dressent bien une cartographie des établissements mais ne leur permettent pas de mettre en place des stratégies adaptées, c'est la raison pour laquelle, nous avons décidé de ne pas poursuivre", a expliqué Brigitte Klinkert.

Concordance entre les cartes sérologiques et cliniques

Cette expérimentation sur dix Ehpad a toutefois démontré une assez bonne concordance entre la cartographie des tests sérologiques et celle établie à partir des observations cliniques et un taux important de pénétration du Covid-19 chez les résidents de ce département durement touché, fortement corrélé à celui du personnel. 31% des résidents ont été testés positifs et 26% du personnel, avec des différences notoires selon les établissements puisque quatre Ehpad ont entre 50 et 76% des résidents ayant développé des anticorps alors que trois n'en ont qu'entre 0 et 3%. "Les Ehpad ont découvert beaucoup de résidents asymptomatiques pour lesquels ils auront une attention particulière", note Brigitte Klinkert.

Le CNP gériatrie encourage des tests différenciés

Dans un courrier daté du 11 avril transmis à Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé (à télécharger ci-dessous), le Conseil national professionnel (CNP) de gériatrie expose ses propositions de dépistage du Covid-19 en Ehpad. L'instance professionnelle estime que la priorité est de protéger les Ehpad où le virus n'a pas été détecté. Outre le renforcement des mesures barrières et d'hygiène, il propose de "différer le moment du déconfinement en conditionnant ce dernier aux résultats des tests biologiques couplant RT-PCR et sérologies dès lors que ces dernières auront obtenues toutes les garanties de fiabilité...".
Le CNP suggère aussi de prioriser la réalisation de tests de masse auprès des résidents des Ehpad au sein desquels ont été identifiés à la fois des résidents et des personnels symptomatiques. Les résultats doivent permettent le zoning des résidents positifs et négatifs dans l’établissement et aussi des professionnels.

Fort de ces enseignements, le Haut-Rhin a négocié avec la délégation territoriale de l'ARS Grand-Est, les conditions du dépistage PCR : à savoir la possibilité de tester toute nouvelle suspicion de cas après quatorze jours sans nouvelle contamination et, si le résultat s'avère positif, l'extension de la PCR à l'ensemble du personnel. Les laboratoires vétérinaires départementaux des Haut-Rhin et Bas-Rhin n'attendent plus que le feu vert de la préfecture de région, attendu d'ici la fin de la semaine, pour se lancer dans le lecture des tests PCR, à raison de 150 par jour les premières semaines, puis 400 à 500 tests par jour en vitesse de croisière sur toute l'Alsace.

Multiplication des tests en Ehpad étendus aux résidents

En l'absence d'une doctrine nationale relative au déploiement des tests en Ehpad, une certaine inégalité territoriale s'est plus ou moins installée. Ainsi, certaines ARS ont encouragé les dépistages de l'ensemble des résidents et des professionnels quand d'autres appellent à tester trois résidents et tous les personnels. Intervenant ce 21 avril en point presse, Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, a en effet rappelé que les ARS ne semblent pas toutes suivre la même doctrine (lire aussi notre article).

Pour autant, il semblerait que malgré cette absence de protocole les tests généralisés à tous (résidents et professionnels) par PCR en Ehpad se soient multipliés sous l'impulsion de certaines régions, communes, laboratoires privés et même établissements. Des groupes organisent à leur tour des dépistages massifs. "Lors de ces tests, et tout particulièrement dans les Ehpad qu'on ne pensait pas touchés, des porteurs asymtomatiques se révèlent aussi bien parmi le personnel que parmi les résidents", souligne Florence Arnaiz-Maumé. Elle reconnaît que ces dépistages restent imparfaits dans la mesure où il faudrait pouvoir les renouveler. Seulement, pour elle, ces initiatives apparaissent aujourd'hui comme une garantie supplémentaire pour gérer l'épidémie.

Emmanuelle Deleplace et Lydie Watremetz

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