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Les étudiants infirmiers-anesthésistes témoignent d'une rupture dans leur formation

Formation interrompue, partiels en suspens, fatigue et incertitudes... Difficile pour les étudiants infirmiers-anesthésistes diplômés d'État d'allier études et mobilisation contre le Covid-19. Leur retour à la formation est réclamé pour le 4 mai.

D'après le comité d'entente de leurs écoles, au moins 90% des étudiants infirmiers-anesthésistes diplômés d'État (Iade) ont été réquisitionnés par les hôpitaux pour renforcer les services de réanimation débordés. Depuis un mois et demi, ils travaillent sans relâche, souvent de nuit, au détriment de leur vie étudiante. Une situation qui dure et qui inquiète le Comité d'entente des écoles Iade (Ceeiade) en l'absence de précision de la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) sur la date précise de retour à la formation de ces étudiants. Dans sa foire aux questions du 22 avril, le ministère des Solidarités et de la Santé évoque le fait que les employeurs doivent "faciliter le retour en formation des élèves dès que la reprise des cours en institut ou école sera rendu possible".

"Les employeurs voient les Iade comme de bonnes ressources humaines car ils ont de l'expérience donc si le retour à la formation dépend de leur bon-vouloir, ce sera difficile de les remettre dans les circuits de formation", explique à Hospimedia Nico Decock, vice-président du Ceeiade, qui attend un positionnement plus clair de la part du ministère. Pour sensibiliser les responsables politiques à la nécessité de reprendre la formation des Iade dès le 4 mai, le Ceeiade a mené une enquête à laquelle 519 des 1 200 étudiants ont répondu entre le 20 et le 24 avril. Dans la synthèse de cette enquête (à télécharger ci-dessous), ils témoignent des répercussions de la crise sur leur formation. Les étudiants évoquent notamment leurs inquiétudes quant à l'interruption de leur apprentissage, leur rythme de vie devenu difficile mais aussi l'expérience nouvelle acquise pendant cette période.

Méthodologie

Réalisée via Google Forms, l'enquête porte sur quatre questions posées aux étudiants :
  • décrivez l’impact de la crise sanitaire sur votre formation Iade en termes de continuité pédagogique, des stages et de l'apprentissage clinique ;
  • comment vous-avez vécu personnellement cette période singulière ?
  • points forts de cette expérience ?
  • points faibles de cette expérience ?

Les cours en "stand-by"

Les réponses à cette enquête mettent en valeur les différents impacts de la crise sanitaire sur la vie des étudiants. Sur la vie étudiante d'abord avec "l'arrêt total de la formation théorique et de la pratique des stages de bloc". Même si les enseignants tentent d'assurer une continuité pédagogique avec des cours à distance, une étudiante témoigne de la difficulté à étudier en cette période : "La récupération est longue après une journée ou une nuit en réanimation Covid et je n’ai pas eu la force de travailler mes cours de manière régulière. J’espère que je vais pouvoir rattraper ce temps perdu." La rédaction des mémoires est souvent à l'arrêt et l'absence d'information concernant la reprise de la formation et la validation du diplôme s'ajoutent au stress de l'adaptation dans les services de réanimation.

Expérience enrichissante mais formation à l'arrêt

L'impact sur leur vie professionnelle est également au coeur des réponses à l'enquête. L'annulation des stages peut pénaliser ces étudiants en plein apprentissage. Ils rapportent tout de même avoir acquis une expérience intéressante grâce à cette mobilisation, avec la pratique de nouveaux soins, les stratégies de prises en charge complexes ou encore le développement de son autonomie. Mais ces nouvelles compétences ne remplacent pas le temps perdu sur la formation d'Iade. "L'expérience est très enrichissante pour eux puisqu'ils ont continué à développer la prise en charge avec beaucoup d'expertise, concède Nico Decock. Mais les écoles ont peur que ces promotions partent avec un manque d'apports théoriques et cliniques."

"L'impression de ne plus exister professionnellement"

Certains étudiants vivent psychologiquement très mal cette période, en ayant l'impression d'un retour en arrière. Ils disent avoir l'impression "de ne plus exister professionnellement", "d'oublier tout ce qu'ils ont appris" et de "s'éloigner de l'identité professionnelle d'Iade". Un sentiment de retour en arrière qui s'ajoute au stress et à la fatigue. Certains étudiants Iade peinent davantage encore lorsque leur vie familiale avec la garde et les devoirs des enfants s'ajoutent aux exigences professionnelles et étudiantes. Les écoles craignent également que les étudiants, déjà très éprouvés physiquement, reprennent la formation en subissant beaucoup de pression pour rattraper le temps perdu.

Une partie des étudiants n'ont ainsi pas encore validé leur premier semestre et disent manquer d'information concernant les examens à venir. Leurs représentants ont déjà interpellé la DGOS dans un courrier envoyé le 19 mars (lire notre article). Avec la transmission le 27 avril de cette enquête au ministère de la Santé, le Ceeiade espère obtenir dans les prochains jours des consignes claires pour tous les étudiants Iade, afin qu'aucun d'entre eux ne soit davantage pénalisé.

Perrine Debacker

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