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L'"effort de guerre" a doublé la capacité en réanimation et soins critiques à Brest

Des lits de surveillance continue "upgradés" en soins critiques, certains de ces derniers eux-mêmes élevés en lits de réanimation, des étages et sous-sols entiers sanctuarisés... Le CHU de Brest se prépare à faire face à la vague de coronavirus.Face au coronavirus Covid-19, "tout l'enjeu est de parvenir à rester sous la barre de saturation". Comme l'a souligné le 16 mars à Hospimedia la présidente de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), le Dr Agnès Ricard-Hibon, cela suppose de déprogrammer tout ce qui peut l'être pour libérer des lits et ouvrir de nouveaux espaces afin d'élargir plus encore les capacités d'hospitalisation. C'est tout particulièrement le cas au CHU de Brest (Finistère), dans un territoire encore au tout début de l'épidémie mais qui sent monter en puissance la vague, ont indiqué ce 17 mars à la presse le directeur général de l'établissement, Philippe El Saïr, et son président de commission médicale d'établissement (CME), le Pr Éric Stindel. Sur la seule journée du 16 mars, les équipes du Samu ont enregistré près de 1 600 appels, dont 620 directement liés au Covid-19. Dans l'ensemble, l'activité en régulation a augmenté de 40% ces derniers jours.

Un sous-sol prêt à être "armé"

Sur le Nord-Finistère, "l'effort de guerre" permet à ce jour de disposer de 126 lits de réanimation : 83 au CHU, 10 à l'hôpital d'instruction des armées Clermont-Tonnerre, 8 au Centre hospitalier privé de Brest-Keraudren (groupe Elsan) et 25 à 60 kilomètres de Brest au CH du Pays de Morlaix. Au CHU, l'activité non urgente a été stoppée net depuis vingt-quatre heures en chirurgie et médecine, sauf s'agissant des urgences et de la cancérologie. Cet arrêt concerne à la fois l'hospitalisation traditionnelle, les consultations et les hôpitaux de jour, excepté les suivis de soins indispensables et les prises en charge qui n'ont pu être basculées sur de la téléconsultation. Le CHU a ainsi opéré "un doublement du périmètre de ses lits de réanimation et de soins critiques", avec des lits de surveillance continue "upgradés" en soins intensifs, certains de ces derniers étant eux-mêmes élevés en lits de réanimation. Le tout s'accompagne d'un redéploiement des personnels.

100 lits sous tente le cas échéant

S'agissant des patients atteints du Covid-19 mais ne nécessitant pas de réanimation, le CHU a sanctuarisé depuis cinq jours l'un des pôles de son site de la Cavale-blanche, soit un total de 107 lits répartis sur trois étages. Et cette capacité pourra être étendue à 187 lits en empiétant sur deux autres pôles avoisinants. Au niveau du Samu, une cellule de crise dédiée a également été mise en place avec l'installation de deux nouvelles lignes d'urgentistes régulateurs en plus de l'activité habituelle. Enfin aux urgences adultes, qui cumulent d'ordinaire 55 000 passages par an, là encore le CHU a anticipé la vague et préparé "l'armement" d'une vaste zone en niveau -2. Il s'agit d'un garage en sous-sol qui peut s'apparenter en cas de plan blanc à un deuxième service d'urgences et compter 16 postes de réanimation. Et si la crise devait encore s'aggraver, la Croix-Rouge française positionnera le cas échéant deux tentes de 50 lits chacune au-devant des urgences en filtrage des patients.

Des équipes mobiles pour les prélèvements et dans les Ehpad

Depuis un mois, le CHU de Brest forme ses personnels aux mesures de protection avec l'appui du centre de simulation en santé (Cesim), de réanimateurs, d'hygiénistes et d'infectiologues. La libération des blocs opératoires permet également de mobiliser les anesthésistes et infirmiers (Iade et Ibode*) pour les positionner si besoin autour des lits de réanimation.

Enfin, deux équipes mobiles ont été projetées sur le territoire : une première vise à former sur site les personnels aux prélèvements de détection du Covid-19 pour éviter d'avoir à projeter sur place une équipe du CHU ; une seconde mixte médecin et infirmier et fait le tour des Ehpad pour expliquer les bonnes pratiques.

"Il faut être extrêmement vigilant avec la situation dans les Ehpad, a confié d'ailleurs ce 16 mars Agnès Ricard-Hibon. D'ordinaire, nous prenons tout à l'hôpital par défaut de maintien à domicile, en l'occurrence ici en Ehpad. Mais nous ne pourrons pas le faire demain." Pour la responsable de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), mais aussi des urgences et du Samu du CH de Pontoise (Val-d'Oise), l'idée est d'"éviter l'acharnement thérapeutique" et d'éventuels tris et pertes de chance à l'hôpital.

Thomas Quéguiner

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