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Une mission de recherche sur la fin de vie et la mort en contexte épidémique est lancée

La plateforme de recherche sur la fin de vie est diligentée pour tirer les conclusions rapides de l'épidémie de Covid-19, notamment dans les Ehpad. Son président, Régis Aubry, souligne également le besoin d'humanité dans les soins hospitaliers.Une recherche sur la fin de vie et la mort dans le contexte de l'épidémie du Covid-19 est lancée à la demande du ministère de l'Enseignement supérieure, de la Recherche et de l'Innovation. Ce dernier demande à la plateforme nationale de recherche sur la fin de vie de coordonner ce travail, explique Régis Aubry, son coprésident, à Hospimedia, notamment dans les Ehpad. "La mémoire de la canicule de 2003 est encore très présente. On s'est rendu compte de beaucoup de choses après cet épisode", précise Régis Aubry, également chef de service au CHU de Besançon (Doubs).

Les travaux menés s'appuieront sur des témoignages recueillis directement pendant la gestion de crise de l'épidémie. "L'objectif est de permettre aux pouvoirs publics de tirer des conclusions très vite et de réorganiser la politique du vieillissement. Cette épidémie remet fondamentalement en question le modèle de l'Ehpad", poursuit Régis Aubry.

Un numéro de liaison entre Ehpad et CHU à Besançon

Dans sa pratique quotidienne au CHU, il est en contact avec des Ehpad de la région qui font également face à l'épidémie. "Nous commençons à voir la létalité dans ces établissements où les morts sont confinés et le personnel raréfié. Les soins de base, comme parler, manquent", continue-t-il. Un numéro d'appel avec des gériatres du CHU bisontin est ainsi mis en place pour maintenir un contact avec l'ensemble des établissements médico-sociaux. "Le sentiment d'isolement s'ajoute au confinement. Nous cherchons à diminuer l'angoisse et les fantasmes en apportant une parole calme et professionnelle", résume le chef de service.

Il estime néanmoins que les personnes âgées ou en situation de handicap dans les établissements médico-sociaux seront sûrement récusées par la réanimation. Le CHU bisontin a d'ailleurs transformé son unité de soins palliatifs pour accueillir ces patients fragiles (voir encadré ci-dessous). Régis Aubry appelle ainsi à "redoubler d'humanité" dans ce contexte. Les équipes du CHU ont ainsi été renforcées en gériatrie et en soins palliatifs , avec le passage de médecins à temps partiel en temps plein.

Mise en garde contre des décisions protocolaires

L'équipe mobile de soins palliatifs (EMSP) intervient également en réanimation comme cellule de soutien éthique. "En Bourgogne-Franche-Comté, il est convenu d'avoir une équipe, via les EMSP, au lit du malade, l'espace régional éthique intervient en deuxième ligne", précise le chef de service. La présence renforcée des équipes mobiles permet ainsi qu'aucune décision, notamment de limitation ou d'arrêt des traitements, ne soit prise seule. "Cela renforce une dynamique qui était en cours avec cette réaccélération des coopérations", complète Régis Aubry. En l'absence de réseaux de soins palliatifs dans la région, ce sont les équipes mobiles qui s'adaptent à ces nouvelles situations à l'hôpital comme dans les territoires.

Régis Aubry met en garde contre la mise en place de protocoles pour décider de l'admission ou non d'un patient en réanimation. "Je me méfie énormément des protocoles. Ce sont des références utiles pour le collectif en période de crise, ce sont des personnes pour lesquelles on décide collégialement", avance-t-il. Les protocoles n'ont leur place que pour la mise en œuvre de la décision. Enfin, il estime qu'un nouveau sujet éthique apparaît dans le contexte épidémique pour les personnes souffrant de troubles cognitifs. "La tentation, pendant le confinement, est de contraindre davantage", précise-t-il en soulignant le besoin de vigilance.

L'USP du CHU de Besançon entièrement Covid

Par anticipation de la fin de la phase aiguë de l'épidémie, l'unité de soins palliatifs (USP) du CHU de Besançon (Doubs) se convertit en USP Covid. "Nous devons nous préparer et ne pas oublier l'humain", estime Régis Aubry, chef de service du CHU bisontin. 17 lits accueilleront les malades en fin de vie, dans des conditions non usuelles dans les soins palliatifs. "Devoir se masquer ne rend pas facile le contact humain", poursuit-il. Exception par rapport aux services de réanimation ou d'hospitalisation, une visite par jour est autorisée dans le service.

Jérôme Robillard

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