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Fonction linge

Les blanchisseries sont un maillon essentiel dans la lutte contre le Covid-19

Ils constituent l'arrière du front, non moins essentiel à la lutte contre le Covid-19. Les acteurs de la blanchisserie sont mobilisés, tant dans le secteur sanitaire que dans le médico-social, pour répondre à une forte demande des établissements. Le défi ? Traiter rapidement de grandes quantités tout en maintenant un haut niveau de désinfection.Parmi les activités jugées indispensables par le Gouvernement en cette période de crise sanitaire figure la blanchisserie industrielle. Une activité dont le maintien est d'autant plus important qu'elle concerne directement le secteur de la santé. "Si la blanchisserie industrielle est une activité méconnue du grand public, elle est une fonction support de nombreux services indispensables", remémore dans un communiqué daté de début avril le Groupement des entreprises industrielles de services textiles (Geist). Quel est l'impact de la crise liée au Covid-19 sur l'activité de ces structures ? Dans ce combat contre le coronavirus, rappelle le Geist, les blanchisseries constituent l'arrière du front.

Protéger les équipes

Depuis le premier jour de la crise, les acteurs du secteur évoquent en effet une activité accrue mais aussi préparée. Pour s'assurer du maintien de la qualité des procédures et l'approvisionnement en linge, les blanchisseries ont établi de longue date des plans de continuité d'activité (PCA). Ces plans, décrit le Geist, assurent la protection du personnel des entreprises de la profession, en instaurant des mesures d'hygiène drastiques sur la sécurité des équipes et in fine efficacité des services.

Des mesures qu'il a tout de même fallu adapter. En interne d'abord, pour la protection des équipes. "Nous avons fait le nécessaire pour protéger nos équipes — soit 3 200 collaborateurs — en matériel de protection et application des mesures barrières, de la distanciation sociale... C'était notre priorité", confie à Hospimedia Grégory Boillot, directeur général du groupe Kalhyge*, qui compte 6 000 clients dans le secteur de la santé. Des procédures aussi adoptées au sein de la société Bulle de linge, autre acteur majeur du secteur.

Une dimension organisationnelle

Et dès le début de la crise sanitaire, les établissements de santé ont fortement sollicité les entreprises du secteur. Une partie de ces sollicitations concerne des prestations supplémentaires. Dans le secteur médico-social, cette hausse des demandes résulte de plusieurs facteurs. "Il y a une dimension organisationnelle. Beaucoup d'établissements gèrent habituellement le linge de leurs résidents en interne. Mais la crise engendre une hausse de l'absentéisme dans les équipes, le traitement du linge est donc actuellement une difficulté pour eux", témoigne le président-directeur général et fondateur de Bulle de linge, Thomas Labrunye. Cela s'explique aussi par l'interdiction de visite des familles dans les Ehpad, qui ne peuvent plus prendre en charge le linge des résidents comme habituellement. Un effet "double" qui augmente les besoins en blanchisserie du secteur.
Nous avons renforcé nos process concernant la collecte de linge contaminé. Par exemple, nous avons demandé aux établissements d'isoler le linge Covid dans des sacs en plastique.
Grégory Boillot, directeur général de Kalhyge
Il a donc fallu pour les entreprises augmenter leur capacité à fournir et traiter du linge. Dans le secteur sanitaire, les établissements déjà clients ont eux aussi vu leur besoin augmenter. Cela concerne par exemple les blouses nécessaires en plus grandes quantités. Une forte demande à laquelle s'ajoutent celles de nouveaux clients, à qui la crise impose de nouveaux impératifs. "Nous avons renforcé nos process concernant la collecte du linge contaminé. Par exemple, nous avons demandé aux établissements d'isoler le linge Covid-19 dans des sacs en plastique. Cela permet moins de manipulations, l'ouverture du sac est ensuite automatique dans la machine", décrit Grégory Boillot. Le traitement répond aux dernières recommandations du secteur mises en place notamment par le Haut Conseil de la santé publique, la SF2H ou encore l'Union des responsables de blanchisserie hospitalière (URBH, documents à télécharger ci-dessous) ainsi qu'aux nombreuses normes du secteur.

D'ailleurs, les blanchisseries l'assurent : pas de grande nouveauté dans le traitement du linge contaminé. "Nous avons l'habitude de ce type de produit, c'est la quantité qui change et la rapidité des besoins", note Grégory Boillot. Kalhyge doit toutefois répondre à certaines demandes nouvelles et spécifiques. Le 5 avril, la Société française d'hygiène hospitalière (SF2H) publiait des recommandations sur la réutilisation de surblouses pour la prise en charge de patients Covid-19 dans un contexte de pénurie nationale. La réutilisation du linge jetable est une problématique nouvelle pour le secteur. "Nous avons eu cette demande et avons planché dessus pendant deux jours pour trouver un procédé qui puisse tuer les bactéries sans abîmer ce linge, et nous avons rapidement été en mesure de répondre à cette demande, grâce à de nouveaux process", raconte Grégory Boillot.

Maintenir la qualité face aux quantités

S'adapter, innover, c'est aussi l'un des enjeux de la blanchisserie en cette période de crise. Tout cela avec une priorité, cœur de sa mission : le maintien d'une haute qualité de désinfection du linge. "Nous devons agir vite, tout en maintenant la qualité de désinfection, c'est un enjeu majeur de la pandémie", explique Thomas Labrunye. Bulle de linge a choisi de son côté d'appliquer un "principe de précaution" : tout le linge entrant est considéré comme potentiellement contaminé et subi donc le même traitement. Cela permet de prendre en charge en quantité et de limiter les manipulations. Pour affronter l'afflux de linge, les différents sites industriels de chaque groupe son mobilisés. Pour Kalhyge, ce sont les équipes des blanchisseries dédiées à d'autres secteurs, comme celles de la restauration actuellement peu sollicitées, qui viennent en renfort. Des embauches ont aussi eu lieu. Pour Bulle de linge, le traitement peut être réparti sur plusieurs sites, pour "soulager" l'activité dans les zones de cluster, comme à Crépy-en-Valois (Oise).
Nous devons agir vite, tout en maintenant la qualité de désinfection, c'est un enjeu majeur de la pandémie.
Thomas Labrunye, PDG de Bulle de linge
Et comme les établissements de santé en première ligne, les industriels de la blanchisserie sont prêts à remplir leur mission sur le long terme, le temps que durera la crise. "Nous ne lâcherons pas la pression", promet Thomas Labrunye. Ce qu'assure aussi le Geist au nom de la profession. "Les blanchisseries industrielles resteront pleinement mobilisées dans cette crise, dans un esprit de responsabilité envers les patients affectés par la maladie, mais aussi envers les travailleurs du secteur auxquels [nous devons] la sécurité", conclut-il.

Zoom sur la blanchisserie du CHU de Lille

L'activité de blanchisserie se fait aussi au cœur des établissements. Ce 16 avril, le CHU de Lille (Nord) a proposé sur les réseaux sociaux un zoom sur cette activité. En intra-hospitalier aussi, les procédures ont évolué face au Covid-19. La blanchisserie du CHU procède par exemple désormais à deux lavages : un premier désinfectant suivi d'un cycle "normal". Ce traitement s'effectue sous 24 heures. Treize personnes s'occupent plus spécifiquement de linge des unités Covid à la blanchisserie. La quantité de linge traité — environ 1,2 tonne par jour — reste la même qu'avant la crise sanitaire, puisque le report des opérations programmées et la baisse de l'activité ambulatoire compensent le surplus d'activité lié à l'épidémie.

Clémence Nayrac

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