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Ressources humaines

La prise en charge physique et psychique des hospitaliers s'organise sur fond de crise

Lors de son allocution du 12 mars, le président de la République a fait l'éloge des "héros en blouse blanche". En cette période de crise sanitaire, ces héros sont en première ligne face au Covid-19. Pour préserver tous les personnels hospitaliers, tant sur le plan physique que psychologique, de nombreuses initiatives se mettent en place.
Dossier en 2 parties :
Les services de santé au travail hospitaliers sont en première ligne
Lorsqu'ils sont malades, fragiles ou pour les épauler dans le maintien dans l'emploi, les services de santé au travail sont présents pour les hospitaliers. Ils le sont plus que jamais dans le cadre de cette crise et malgré des effectifs réduits.

Parce qu'ils veillent au quotidien sur la santé de tous les personnels hospitaliers, les services de santé au travail sont en première ligne pour épauler les professionnels impliqués dans cette épisode épidémique d'ampleur. Comment épaulent-ils les soignants ? Leur soutien prend plusieurs formes.

Gérer la maladie et préserver les équipes

"Nos services participent de deux manières : d'abord, organiser l'arrêt de travail des personnes qui sont atteintes du coronavirus", explique à Hospimedia le Dr Hélène Beringuier, présidente de l'Association nationale de médecine du travail et d'ergonomie du personnel des hôpitaux (ANMTEPH). Deux tendances sont observées — "car les modalités ne sont pas claires", regrette Hélène Beringuier — certains services préconisent l'arrêt de l'agent quatorze jours, puis un retour avec port de masque pendant sept jours. D'autres optent plutôt pour un arrêt de sept jours, puis une reprise "si la personne est en bonne santé", avec port du masque pendant quatorze jours. "Les deux attitudes se valent, conformément aux recommandations de la Société française de médecine du travail [ndlr : à télécharger ci-dessous]", souligne la présidente de l'ANMTEPH. L'objectif est aussi de protéger les professionnels fragilisés par une maladie chronique ou plus largement considérés comme vulnérables. Là encore, pas de consigne spécifique : "bien souvent, dans les établissements s'il n'a pas été possible d'écarter les personnes les plus vulnérables physiquement, des autorisations d'absence sont rédigées par les directions des ressources humaines", confie Hélène Beringuier.

Dans un courriel adressé à ses adhérents, l'association essaye de recenser l'ensemble des recommandations pour préserver la santé des personnels dans cet épisode épidémique. Mais la prise en charge repose pour beaucoup sur l'entraide et les retours d'expérience, sur une plateforme mise en place sous l'égide du Pr Jean-François Gehanno, chef de service santé au travail des hospitaliers au CHU de Rouen (Seine-Maritime). "La situation évolue très vite, on s'adapte. L'important pour nous est d'être présents pour les personnels et nous essayons de faire au mieux", confie Hélène Beringuier.

Le relais du 15 pour les professionnels

D'ailleurs, et c'est là la deuxième modalité d'intervention de ces services de santé au travail, bon nombre d'entre eux sont intégrés à la cellule de crise de chaque établissement. Dans certains, la médecine du travail est devenue le relais du 15, qui oriente les hospitaliers vers ce service. Souvent même, les agents s'adressent directement au service adéquat. Au sein des CHU, comme à Toulouse (Haute-Garonne), Dijon (Côte-D'or) ou Reims (Marne), ou des CH, comme à Montauban (Tarn-et-Garonne) ou encore Agen (Lot-et-Garonne), les médecins du travail répondent ainsi aux appels des soignants.

C'est le cas notamment au sein du CH Annecy-Genevois (Haute-Savoie). En plus du rôle à jouer dans les prélèvements et dans le cadre du maintien au travail, le service de santé au travail répond directement aux appels des soignants. "Nous avons reporté toutes nos consultations habituelles, sauf celles qui peuvent permettre d'avoir du personnel supplémentaire, c'est-à-dire les embauches, les mutations, les retours de maladie", explique pour le service le Dr Florence Gauthier. L'ensemble de l'équipe est ainsi mobilisé dans la gestion de crise du coronavirus auprès des 4 500 personnes qui œuvrent au sein de ce CH. "Au début nous n'étions pas dans la boucle de la cellule de crise et puis nous avons été intégrés depuis quinze jours. Nous essayons d'agir en cohérence dans l'ensemble du groupement hospitalier de territoire (GHT)", poursuit Florence Gauthier.

Épauler aussi les cadres

Mobilisation aussi au sein du CHU de Toulouse (Haute-Garonne). Jérémie Sommé, médecin du travail au sein de l'établissement, confie à Hospimedia que déjà plus de 700 avis ont été rendus par la médecine du travail depuis le début de la crise. "Cela devrait encore augmenter dans les jours à venir, puisque le CHU compte 16 000 agents", anticipe-t-il. Par ailleurs, à partir de ce 23 mars, les personnels du service de santé au travail se rendront dans les services pour sensibiliser les professionnels de première ligne que ne se seraient pas encore manifestés. "Notre objectif est de mettre à jour une liste de personnels de première et seconde ligne afin d'épauler aussi les encadrants dans leur travail et leur permettre à eux aussi de s'adapter", ajoute Jérémie Sommé.

De la cohésion, de la souplesse et de l'adaptabilité semblent être les maîtres-mots. De la solidarité aussi. Dans les zones "plus calmes", c'est-à-dire non encore fortement touchées par l'épidémie, les équipes des services de santé au travail ont rejoint directement les centres de régulation du 15, pour leur prêter main forte. Des infirmiers de ces services sont aussi en poste pour épauler aux prélèvements sur les zones de diagnostics. Mais la situation est rattrapée par la réalité de la médecine de santé au travail hospitalière : "nos effectifs sont tellement réduits, que nous ne pouvons être sur tous les fronts. La majorité des établissements préfèrent donc garder son équipe opérationnelle", conclut Hélène Beringuier.

Clémence Nayrac

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