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Gestion des risques

L'hydroxychloroquine reste soumise à prescription hospitalière

Le décret encadrant la prescription de l'hydroxychloroquine contre le virus Sars-Cov-2 circonscrit son utilisation au cadre hospitalier. Les académies de pharmacie et médecine rappellent les risques et insistent sur la recherche.
Information mise à jour : L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a mis en ligne, sur son site, les protocoles d'utilisation thérapeutique de l'hydroxychloroquine et de l'association lopinavir/ritonavir.
La lecture du décret n° 2020-314, paru dans l'édition du 26 mars du Journal officiel, suscite des interprétations variées, surtout les "dispositions relatives à la mise à disposition de médicaments". Avec ce texte, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, encadre l'utilisation de l'hydroxychloroquine et de l'association lopinavir et ritonavir pour traiter les patients souffrant de la maladie Covid-19. Certains y voient une disponibilité partout en France, pour tous les malades. Le Pr Didier Raoult, à l'origine de la première étude française sur cette molécule, se contente, pour sa part, de remercier le ministre pour son écoute.

Néanmoins, ce texte limite la prescription de l'hydroxychloroquine par des médecins hospitaliers pour une prise en charge en établissement du Covid-19. Une poursuite du traitement à domicile demeure possible ensuite par rétrocession — la dispensation à l'officine reste ouverte pour traiter d'autres affections auto-immunes sur prescription d'un spécialiste. L'objectif des pouvoirs publics demeure de pouvoir élargir la recherche clinique sur cette thérapie qui suscite l'enthousiasme. Le texte réglementaire insiste également sur la documentation des effets indésirables et prévoit que l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) élabore un protocole d'utilisation thérapeutique. L'ANSM diffuse, sur son site internet, les protocoles associés depuis le 30 mars.

Mises en garde

Cette molécule n'est en effet pas dénuée de risques, comme le rappellent conjointement les académies de médecine et de pharmacie. Elles reconnaissent, dans un communiqué, des "présomptions" sur ses effets contre le Covid-19 mais estiment que la démonstration clinique n'est pas faite. Elles font également part d'une série d'inquiétudes "au-delà des débats en faveur ou en défaveur de l'hydroxychloroquine" sur l'utilisation préventive, sans surveillance des posologies et sans contrôle électrocardiographique ainsi que sur la iatrogénie médicamenteuse et sur les difficultés d'approvisionnement pour les patients utilisant ce traitement habituel. Dans un communiqué, le Conseil national de l'ordre des médecins abonde dans le sens des académies. "Les jours qui viennent permettront d’avoir des réponses scientifiquement validées et il appartiendra ensuite au Gouvernement d’agir rapidement en matière d’accessibilité, d’autorisation, de limitation ou d’interdiction d’utilisation", estime-t-il en rappelant la responsabilité des médecins.

La Société française de gériatrie et gérontologie
 (SFGG) met, à son tour, en garde sur l'utilisation de l'hydroxychloroquine chez les patients âgés, la catégorie la plus touchée par l'épidémie. Ces patients infectés sont déjà polymédiqués et à risque de pathologie cardiovasculaire. La SFGG ne recommande pas l'utilisation de cette molécule en l'absence d'études montant sa sûreté. À propos d'un éventuel usage compassionnel, les "contre-indications et précautions d'emploi doivent faire partie du discernement éthique", ajoute-t-elle.

Le Conseil d'État conforte les mesures gouvernementales

Outre un rejet d'une demande d'élaboration d'une recommandation temporaire d'utilisation, le Conseil d'État, dans une ordonnance du juge des référés publiée le 28 mars, approuve l'approche du Gouvernement. En rappelant l'avis du Haut Conseil de santé publique sur les thérapeutiques et les insuffisances méthodologiques de l'étude marseillaise sur l'hydroxychloroquine, la cour considère que "le choix de ces mesures ne peut être regardé, en l’état de l’instruction, comme portant une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la vie et au droit de recevoir, sous réserve de son consentement libre et éclairé, les traitements et les soins appropriés à son état de santé, tels qu’appréciés par le médecin".

Jérôme Robillard

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