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Politique de santé

Un collectif universitaire et médical réclame une intensification du dépistage en Corse

Le collectif Anti Covid-19 Corsica entend instaurer une massification des tests permettant de dépister le Covid-19. Le laboratoire de virologie de l’université de Corse a obtenu l'autorisation provisoire de procéder aux analyses des prélèvements.Le collectif Anti Covid-19 Corsica s'est formé le 22 mars pour lancer un appel aux décideurs. Sous la présidence du Pr Antoine Aiello, président honoraire de l’Université de Corse, ce collectif, composé en premier lieu des membres de la communauté universitaire réunit désormais plus de 12 000 personnes et a obtenu le soutien de représentants corses universitaire et du monde médical. Le collectif s'est adressé dans une lettre ouverte au ministre des Solidarités et de la Santé, ce 27 mars. Co-signée par des membres du corps médical comme le Dr Antoine Grisoni, président de l'Union régionale des professionnels de santé, ou le Dr Michel Mozziconacci, président du conseil régional corse de l'Ordre des médecins, la lettre fait part d'une demande de mesures fortes face à une situation "déjà très préoccupante" et qui "s'aggrave de jour en jour".

"L'insularité de la Corse, sa population vieillissante, donc très exposée, et son système de santé fragile sont autant d'éléments qui pénalisent de manière structurelle notre région face à cette crise sans précédent", déclare le collectif. Il demande la mise en place de deux mesures pour réduire les risques de surmortalité : une massification immédiate des tests de dépistage et l’extension aux médecins libéraux du décret autorisant la prescription de chloroquine en milieu hospitalier.

Trois laboratoires d'analyse

Le 28 mars, seul le laboratoire Canarelli-Colonna-Fernandez au CH d'Ajaccio était habilité à réaliser des analyses sur les prélèvements effectués chez les patients suspectés d'être infectés. Le CH de Bastia a ensuite reçu le matériel nécessaire pour être opérationnel afin d'analyser des prélèvements effectués à l’hôpital et sur demande d’établissements de santé et médico-sociaux. Mais, depuis le 25 mars, l'université de Corse réclamait une dérogation pour permettre au laboratoire de virologie de la faculté de participer au dépistage biologique du virus, alors que son statut de laboratoire de recherche l'en empêchait.

"La situation très évolutive du Covid-19 en Corse, avec des clusters de taille importante sur la région d'Ajaccio, [...] doit conduire à une évolution du nombre et des modalités de dépistage", expliquait Dominique Federeci, le président de l'université de Corse pour justifier sa demande de dérogation dans une lettre à la directrice de l'ARS Corse, Marie-Hélène Lecenne. C'est désormais acté : depuis le 30 mars, le laboratoire peut, à "titre provisoire et exceptionnel", procéder aux analyses des prélèvements avec une capacité de 240 analyses PCR (pour réaction de polymérisation en chaîne) par jour. Il vient donc en renfort des deux autres laboratoires pour s'occuper "des prélèvements des professionnels de santé libéraux et des patients et professionnels du secteur médico-social", comme le précise l'ARS Corse.

L'inquiétude grandit en Corse

Le 1er avril, la Corse comptabilisait 300 personnes testées positives au Covid-19 et 23 décès hospitaliers depuis le début de l'épidémie. Le président de l'Assemblée de Corse qualifie de "rustine" le transfert de 12 patients de l'hôpital d'Ajaccio vers les hôpitaux marseillais grâce à un navire de l'armée le 22 mars (lire notre article). Le matériel continue de manquer aux hôpitaux insulaires : les centres hospitaliers réclament 22 respirateurs. Avant le début de l'épidémie, la Corse ne disposait que de 18 lits en réanimation. Si le CH d'Ajaccio a pu augmenter ses capacités à 26 places, déjà 23 patients infectés étaient placés en réanimation ou en soins intensifs à l'hôpital ce 1er avril.

Un système de santé "vulnérable" en Corse

Contraire aux préconisations mondiales, la stratégie du Gouvernement de ne pas effectuer systématiquement des tests de dépistage du Covid-19 fait l'objet de contestations et d'inquiétudes chez les professionnels (lire notre article). La demande de massification des tests du collectif corse a été reprise ce 27 mars dans une déclaration commune des institutions corses adressée au Premier ministre et au ministre de la Santé. Elle fait suite à la présentation d'un rapport (à télécharger ci-dessous) par le président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, sur la stratégie à adopter face à la crise sanitaire. Il pointe du doigt le nombre important de malades en Corse auquel s'ajoutent de nombreuses contraintes notamment liées à "la faiblesse structurelle du système de santé insulaire, où l'absence de CHU, le peu de lits en réanimation et la prégnance de déserts médicaux s'ajoutent à une population âgée : "La doctrine de l’administration française dans la lutte contre le virus n’était manifestement pas adaptée à l’île et, qui plus est, elle n’a fait qu’accentuer ses faiblesses."


Parmi les mesures réclamées, la massification des tests en Corse occupe une place primordiale. "Ces raisons auraient dû conduire l’État à adapter sa doctrine et à engager, dès le début de l’épidémie, une politique de massification des tests pourtant demandée par le corps médical et les institutions de la Corse", estime le rapport. En plus de la demande de dérogation pour le laboratoire de virologie, désormais obtenue, le président de l'Assemblée de Corse réclame ainsi des tests pour toute la population corse, la création de points de dépistage rapide et la commande de 30 000 kits de tests rapides en complément des tests naso-pharyngés.

Perrine Debacker

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