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Les propos du directeur général de l'ARS Grand-Est sur le CHU de Nancy suscitent un tollé

"Un directeur général d'ARS ne devrait pas dire ça", estime la communauté médicale du CHU de Nancy à l'évocation des suppressions de postes et du Copermo en pleine crise. La FHF appelle à la fin de ce comité interministériel de la performance. Le Gouvernement se positionne pour une suspension des réorganisations.Pour Christophe Lannelongue, directeur général (DG) de l'ARS Grand-Est, l'épidémie actuelle ne remet pas en cause la trajectoire décidée avec le Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins (Copermo) pour l'avenir du CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Outre un nouveau schéma immobilier, elle prévoit la suppression de 598 équivalents temps plein et de 179 lits en cinq ans. Ces propos, rapportés par L'Est Républicain, ont entraîné une levée de boucliers. L'Intersyndicale nationale des internes appelle par exemple dans un communiqué à sa démission.

Sollicitée par Hospimedia, l'ARS Grand-Est renvoie seulement à un communiqué daté du 5 avril expliquant que "Christophe Lannelongue avait répondu que toutes les forces étaient concentrées à la lutte contre l’épidémie, au soutien des personnels soignants et à la bonne prise en charge des patients et que, de ce fait, la transmission du dossier au ministère des Solidarités et de la Santé serait différée. Cette réponse a été comprise comme le maintien du dossier en l’état". Le même jour, dans une interview pour France 3, le directeur général a évoqué un "piège" associant la presse, un syndicat et les élus locaux. "En fait, c'est une opération politique [syndical] qui vise à montrer que l'agence régionale de santé, que je dirige, n'est pas en conformité avec les déclarations du président de la République", a-t-il avancé.

Le Gouvernement temporise

Ces propos font réagir en premier lieu Christian Rabaud, le président de la commission médicale d'établissement, et Laurent Hénart, maire de Nancy et président du conseil de surveillance du CHU. Dans deux courriers communs
 (voir tweets ci-dessous) adressés à Édouard Philippe, Premier ministre et Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, ils estiment que la position de l'ARS est "décalée" par rapport à la situation actuelle. "Le Copermo tel que nous l'avons connu, avec ses normes, abaques et doctrine n'est de toute évidence plus adapté", précisent-ils.

"Un DG d'ARS ne devrait pas dire ça", poursuit Christian Rabaud auprès d'Hospimedia. Il précise que la communauté médicale de l'établissement a "très très mal vécu cette prise de position". À son sens, le redimensionnement architectural n'est pas remis en cause mais la question du dimensionnement capacitaire et des ressources humaines doit être revu. D'autant plus que le président de la République a déjà pris des engagements. Dans un tweet, Olivier Véran se veut également rassurant en rappelant que les plans de réorganisation sont "suspendus à la grande consultation qui suivra" la fin de l'épidémie. Christian Rabaud rapporte avoir obtenu une réponse similaire à son courrier de la part du Premier ministre.

Un surcoût national estimé par la FHF

"
Certaines voix veulent nous construire un monde post-Covid identique à celui de l’avant-crise. On a l’impression qu’ils veulent envoyer le système dans le mur… et les gens dans la rue", analyse Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF, auprès d'Hospimedia. La fédération appelle ainsi à la fin du Copermo. "C'est un outil mais il faut aussi changer la logique et proposer une offre en fonction des besoins réels et de santé publique dans les territoires", estime la déléguée générale en fustigeant le "diktat" de la réduction du capacitaire et des effectifs.

La FHF espère également une remise à plat de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) et la fin des plans d'économie. Zaynab Riet rappelle la demande d'un Ondam rectificatif face aux surcoûts (équipements, heures supplémentaires) et aux pertes de recettes (déprogrammation) engendrés par l'épidémie de Covid-19. Les premiers calculs, non précis à ce stade, estiment à au moins 600 millions d'euros de surcoût au niveau national sur deux mois. Pour les pertes de recettes, "un dispositif de garantie plancher, basé sur les recettes 2019, est en cours de définition afin d’éviter les pertes de recettes alors que l’Ondam 2020 a été déterminé sur la base d’une hausse d’activité", explique la FHF. Cette dernière espère l'application du taux d'évolution prévu pour 2020.

Jérôme Robillard

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