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Les protocoles de dépistage massif Covid-19 en Ehpad se déclinent sur les territoires

Les ARS semblent diffuser diverses versions du protocole de la campagne de tests en Ehpad annoncée par le ministre des Solidarités et de la Santé. Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, préconise un dépistage systématique de tous les résidents et professionnels dans les établissements "Covid-19 free".En annonçant le 6 avril le lancement d'une vaste campagne de dépistage des personnes les plus vulnérables, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, a ouvert une brèche dans la stratégie préventive mise en place pour faire face à la pénurie de moyens. La perspective d'un doublement en France de la capacité de tests par PCR (pour réaction de polymérisation en chaîne) a alors laissé poindre l'organisation désormais envisageable de tests à grande échelle dans les Ehpad. Le ministre s'est engagé dans son discours à "tester tous les résidents à compter du premier cas confirmé dès l'apparition de la maladie de coronavirus au sein de l'établissement. L'objectif est de pouvoir s'organiser de la manière la plus sécurisée possible." Sur le terrain, les interprétations diffèrent d'autant plus que le protocole national de dépistage n'a pas été rendu public. Certaines ARS ont toutefois rédigé des protocoles régionaux pour détailler leur doctrine laissant paraître d'une région à l'autre certaines différences.

Stratégie proactive de tests en Ehpad

Dès le 7 avril, dans sa fiche Prévention renforcée du Covid-19 en Ehpad et unité de soins longue durée, l'ARS Occitanie semble suivre la stratégie nationale. En cas de survenue de symptômes évoquant le Covid-19 dans un établissement, l'ARS préconise en effet une stratégie proactive de réalisation de tests RT-PCR (pour reverse transcriptase et réaction de polymérisation en chaîne) auprès des résidents et du personnel. L'objectif affiché est de "stopper le plus tôt possible la chaîne de transmission entre les personnes présentes au sein de la structure" tout en gardant à l'esprit que cette méthode comporte des déviances, soit une proportion non négligeable possible de faux négatifs. Dans le cas d'Ehpad confrontés à une suspicion de coronavirus, les dépistages ne sont plus limités aux trois premiers résidents diagnostiqués positifs au Covid-19 en Occitanie mais à l'ensemble des résidents et personnels dès le premier cas. En effet il n'est pas question d'engager une large campagne de dépistage dans les établissements sans qu'il n'y est un cas repéré. L'ARS signale le 11 avril par communiqué qu'après une alerte de Covid-19, des tests ont permis de repérer quatre cas de Covid-19 sur une cinquantaine de résidents à l'Ehpad La Coustète de Quillan (Aude). Pour sécuriser les prises en charge, dix-sept résidents ont été transférés vers des CH du département à Limoux, Castelnaudary et Carcassonne.

Des limitations au déploiement

Le 11 avril aussi, dans son point de situation l'ARS Nouvelle-Aquitaine souligne que face à une augmentation importante du nombre de cas dans toute la région, le dépistage systématique des personnes présentant des symptômes (y compris les cas contacts) devient inutile. Pour ne pas saturer la filière de dépistage, l'ARS a fait des choix. Il n'est pas question de tester tous les résidents en Ehpad mais seulement "les trois premières personnes présentant des symptômes évocateurs du Covid-19 dans les structures médico-sociales, notamment les maisons de retraite, et dans les structures collectives hébergeant des personnes vulnérables, pour prendre des mesures immédiates afin d'éviter une transmission entre les résidents".

Généraliser les tests en Ehpad

Des positionnements que ne partagent pas le Synerpa. Lors d'un point presse — organisé en téléconférence le 14 avril —, Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale de la fédération des directeurs d'Ehpad privés commerciaux, a regretté que la doctrine nationale en matière de tests ne soit pas clairement affichée. Elle a ensuite indiqué que le Synerpa estime qu'il faut tester tout particulièrement les établissements où le Covid-19 ne s'est pas encore manifesté (ou "Covid-19 free") pour pouvoir vérifier si le personnel de l'établissement et les résidents ne sont pas porteurs asymptomatiques et éviter toute contagion. Pour Florence Arnaiz-Maumé, la stratégie qui consiste dans les établissements les moins touchés à tester l'ensemble du personnel et seulement trois résidents n'est pas une stratégie suffisante pour arrêter la propagation du virus. Elle dit ne pas comprendre pourquoi ce choix a minima pour les résidents.

Par ailleurs, il semblerait que certaines initiatives venant de préfets, de maires ou de directeurs d'établissement pour tester tous les résidents et professionnels d'Ehpad sont sporadiquement organisées. C'est le cas de la ville de La Garenne-Colombes
 (Hauts-de-Seine), son maire (LR) le Pr Philippe Juvin — à la tête des urgences de l'Hôpital européen Georges-Pompidou à l'Assistance publique-Hôpitaux (AP-HP) de Paris — a fait tester début avril l'ensemble du personnel et des résidents des deux Ehpad de la ville. "Au total, entre 150 et 200 personnes (avec le personnel) ont été testées par établissement. Ce dépistage a permis d'isoler les personnes dont les tests se sont révélés négatifs afin d'enrayer la prolifération du Covid-19", souligne la ville par communiqué. Florence Arnaiz-Maumé précise qu'à l'Ehpad La Garenne (groupe Orpéa), la moitié des salariés se sont révélés être porteurs asymptomatiques. Ces professionnels ont été relevés de leur travail entre une et deux semaines. Le groupe gestionnaire de l'établissement a alors envoyé des salariés en renfort. En ce qui concerne les résidents, des changements de chambres ont été opérés ainsi que des transferts. L'établissement après les tests s'est en quelque sorte réorganisé.

Lydie Watremetz

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