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L'évolution de l'activité de réanimation après le déconfinement est modélisée selon le R0

Le R0, soit le nombre de personnes infectées par chaque malade du Covid-19, aura un effet déterminant sur les capacités de réanimation selon les projections locales et nationales du CHU de Nancy. Elles permettent d'évaluer les moyens et de préparer la nécessaire réorganisation des activités Covid et non-Covid après le déconfinement.Le CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle) ne fait pas exception à la tendance nationale face à l'épidémie de Covid-19. Le nombre de malades hospitalisés et de passages aux urgences concernant le Covid-19 diminue, tandis que les besoins augmentent pour les passages hors-Covid. Pour accompagner cette tendance et se préparer à faire face aux effets du déconfinement, l'établissement déploie un outil de simulation (en cours de finalisation), à vocation locale comme nationale. "Cette application sera aussi utile dans les régions peu impactées pour qu'elles mesurent ce qu'elles risquent", avance Bernard Dupont, le directeur général (DG) du CHU.

Le catastrophique R0 supérieur à 1,3

Le 4 avril, les établissements des groupements hospitaliers de territoire (GHT) Sud-Lorraine et des Vosges, ont "frisé l'incapacité" de répondre à la demande de lits en réanimation, précise le président de la commission médicale d'établissement (CME) du CHU Christian Rabaud lors d'une conférence de presse le 21 avril. Avec un R0 — le nombre de personnes contaminées par chaque personne infectée par le virus Sars-Cov-2 — à 1,25 après la date de déconfinement du 11 mai, les mêmes établissements atteindraient de nouveau le maximum de leur capacité (déjà augmentées de 70 à presque 200 lits) à la fin novembre. Les trois images ci-dessous font état de différents scénarios d'évolution sur les besoins en réanimation en fonction du R0.

Avec un R0 à 1,25, les besoins en réanimation vont repartir à la hausse dès la fin mai, ce qui nécessite une veille soutenue dans les GHT Sud-Lorraine et Vosges.
Avec un R0 à 1,25, les besoins en réanimation vont repartir à la hausse dès la fin mai, ce qui nécessite une veille soutenue dans les GHT Sud-Lorraine et Vosges.


Avec un R0 supérieur à 1,35, les besoins en réanimation montent en flèche dès la fin mai et la saturation des services intervient rapidement dans la région Grand-Est ici modélisée.
Avec un R0 supérieur à 1,35, les besoins en réanimation montent en flèche dès la fin mai et la saturation des services intervient rapidement dans la région Grand-Est ici modélisée.


Avec un R0 à 1,15, les besoins en réanimation connaissent une hausse modérée, ici au niveau national, ce qui facilite la maîtrise de l'épidémie.
Avec un R0 à 1,15, les besoins en réanimation connaissent une hausse modérée, ici au niveau national, ce qui facilite la maîtrise de l'épidémie.

"Ça va se jouer à pas grand-chose", souligne Christian Rabaud à propos des effets de la hausse du R0 après le confinement. "Tant qu'il reste en dessous de 1, il n'y a pas de souci", rassure-t-il. Entre 1 et 1,3, le président de CME insiste sur une veille et une attention soutenue. "Si le R0 est supérieur à 1,3, nous courrons à la catastrophe", avance-t-il. Avant la décision du confinement et de la fermeture des lieux publics, le R0 national dépassait les 3. Pour le président de CME, des mesures de maîtrise de ce R0 sont ainsi nécessaires en l'absence de traitement efficace ou de vaccin. La modélisation réalisée permet également de cibler les besoins locaux en fonction de l'avancée de l'épidémie.

"Ce modèle permet de savoir les besoins projetés sur le Covid-19 mais aussi les forces que nous pourrons libérer pour réaliser les activités traditionnelles", poursuit le Pr Christian Rabaud. Pour permettre cette réorganisation, plusieurs prérequis sont nécessaires au niveau du CHU. Il s'agit tout d'abord de libérer des capacités mobilisées pour faire face à l'épidémie. Du matériel est également nécessaire après la forte consommation de ressources des semaines écoulées. Enfin, des temps de repos pour les personnels surmobilisés par l'épidémie sont également nécessaires.

Réflexions sur la reprise des consultations

"Nous ne devons pas aller trop vite dans le désarmement", rappelle Bernard Dupont. Le CHU s'attèle ainsi à prévenir les pertes de chances pour les patients atteints par des pathologies autres que le Covid-19 tout en maintenant ses capacités de réponses à l'épidémie. Selon le DG, les "exemples se multiplient" de "situations que nous aurons du mal à rétablir" en raison de la baisse de fréquentation des cabinets médicaux de ville et des services des urgences. "Nous réorganisons les consultations pour les pathologies chroniques sans attendre le 11 mai. Cela ne veut pas dire reprogrammation", poursuit-il.

La téléconsultation sera en partie mobilisée mais des consultations en présentiel seront assurées. Les réflexions s'engagent sur ce sujet. "Ce n'est pas forcément simple, les consultations se font par disciplines sans différencier les flux", précise Bernard Dupont. Des secteurs "free Covid" pourront ainsi être mis en place, des bâtiments dédiés à cette pathologie contagieuse pourraient être définis ou encore des journées avec ou sans patients atteints du Covid-19. Cette réorganisation se fera sur un tempo plus piano que crescendo. "La remise en route des consultations nécessite un redéploiement lent des équipes", complète le DG du CHU.

Jérôme Robillard

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