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Le secteur handicap doit inventer de nouvelles formes d'organisation face au coronavirus

Les établissements et services médico-sociaux mettent en place les mesures de protection décidées ces derniers jours. Un vaste chantier du point de vue logistique et ressources humaines où il faut faire preuve à la fois d'imagination et de réassurance.Comment concilier protection d'une population fragile et continuité des accompagnements ? Avec des recommandations en provenance des ministères, des ARS, des conseils départementaux et des préfectures qui évoluent quasiment d'heure en heure, et un personnel qui a peur de la contagion, la tâche est complexe pour les directions des établissements médico-sociaux du secteur handicap.

Certains, comme le Groupement des associations partenaires d'action sociale (Gapas) dont les établissements sont situés dans les Hauts-de-France et en région parisienne, ont d'ores et déjà décidé de suspendre tous leurs services et activités de jour, y compris dans les établissements et services d'aides par le travail (Esat) et placé leur secteur hébergement en confinement total. Dans les services concernés par la fermeture, les professionnels ont pour mission d'apporter leur aide aux familles à distance, précise l'association dans le courrier qu'elle a envoyé aux familles et diffusé sur les réseaux sociaux.

Une organisation en mouvement permanent

L'Apei de Moselle modifie sa communication tous les jours, voire deux fois par jour. Le 13 mars, la cellule de crise décide la fermeture des instituts médico-éducatifs (IME), sauf situations particulières, ainsi que de certains services éducatifs et le maintien, sous certaines conditions, de services à domicile et des foyers et autres formes d'hébergement adultes. L'activité des Esat est maintenue. Ce 16 mars, l'association précise que les travailleurs d'Esat qui prennent le bus ne viendront plus, soit 50% de l'effectif. À 15 heures, elle décide de ne plus accueillir de travailleurs handicapés dans ses Esat qui continueront d'assurer, avec uniquement des professionnels, quelques activités vitales : blanchisserie et restauration collective pour les autres structures de l'association. "Un recensement est en cours pour identifier les salariés des établissements qui ont fermé susceptibles de venir en renfort dans les établissements d’hébergement où il est nécessaire d’assurer une continuité de service sur le même territoire", précise l'association à Hospimedia.

"Je gère un IME ouvert 365 jours par an accueillant des enfants polyhandicapés et autistes et doit donc à ce titre rester ouvert, explique à Hospimedia une professionnelle qui préfère garder l'anonymat. Vendredi nous avons fait le tour des familles pour voir qui avait la possibilité de reprendre les enfants à la maison, sachant que le lieu de résidence deviendrait définitif pour plusieurs semaines sans possibilité d'aller-retour. Sur 43 enfants en internat, j'en garde aujourd'hui 3. Un quatrième devrait revenir jeudi si c'est encore possible. Vendredi dernier je pensais être au large pour gérer cette situation. Aujourd'hui dans la psychose générale, avec les défections de personnel pour raison de santé ou garde d'enfant, je n'ai plus les moyens d'assurer sur mes ressources propres la continuité de l'accompagnement sur l'internat. Alors honnêtement pour ceux qui sont partis à domicile je ne sais pas comment faire."

Un soutien à domicile à inventer

Communiquer, rassurer, mobiliser les équipes restent les maîtres mots de la stratégie de Jean-Louis Leduc, directeur général de l'Apajh. "On va demander à nos personnels de travailler dans un contexte anxiogène et dans un cadre inhabituel, en changeant de secteur ou à domicile. Ce week-end, nous avons travaillé à la mise en place de numéros d'appels joignables 24h/24 pour les familles où elles pourront trouver des conseils mais également demander une intervention à domicile. Et nous sommes en train de réfléchir à l'organisation d'un soutien à domicile plus systématique avec des passages réguliers", précise-t-il.

Un soutien à domicile indispensable aussi pour les personnes polyhandicapées. Stéphanie Ferdoille, directrice générale de l'association Les amis de Karen-Notre-Dame-de-Joye en région parisienne, a pu compter sur la mobilisation de ses équipes et s'est appuyée sur toutes les mesures inventées au moment des grèves de transports : journée plus longue pour minimiser les déplacements, possibilité de dormir sur place... "Tous les usagers qui le pouvaient sont repartis à domicile et l'IME a été fermé. Ainsi, dans le 14e arrondissement de Paris nous avons un fonctionnement où les personnes viennent une semaine en internat et une semaine en externat. Cette modalité n'est plus possible. Nous avons donc figé les 12 lits d'internat qui deviennent permanents pour les cas les plus complexes", explique-t-elle.

"J'ai aussi mis une partie de mon personnel en réserve d'astreinte à domicile afin de pouvoir faire face au plus vite aux maladies des collègues. Pour les personnes retournées à la maison, les chefs de services et l'équipe infirmière organisent la prise en charge à domicile
", poursuit la directrice. Elle a également fermé sa maison d'accueil temporaire spécialisée en Seine-et-Marne, qu'elle rouvrira si besoin à la demande de l'ARS, et redispatché son personnel sur la maison d'accueil spécialisée temps plein où 26 résidents sur 40 sont actuellement à l'isolement par mesure de précaution.

Emmanuelle Deleplace

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