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L'AP-HP balise le casse-tête organisationnel de la reprise des activités non Covid-19

Comment les hôpitaux doivent-ils s'organiser pour concilier la vigilance persistante requise face au Covid-19 et le redémarrage progressif du reste de leur activité ? À l'AP-HP, les recommandations bousculent le quotidien des personnels et patients.Quelle organisation appliquer pour le parcours des patients, leur protection et celle des hospitaliers dans l'optique du confinement lié au coronavirus et du redémarrage progressif de l'activité non Covid-19 ? En guise de réponse, l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a diffusé ce 22 avril tout un ensemble de recommandations (à télécharger ci-dessous). Elles se résument en sept axes majeurs (voir ci-dessous) et privilégient "le principe de précautions universelles [...] sur celui de mesures individuelles".


24 heures de bionettoyage minimum

Concrètement, les secteurs définis comme Covid-19 continuent à regrouper les malades qui nécessitent une hospitalisation pour cette infection. "Les patients hospitalisés pour une pathologie autre, initialement admis dans un secteur Covid-19 négatif, et finalement atteints de Covid-19 peu ou non symptomatiques, pourront rester en secteur Covid-19 négatif si on est certain que les modalités organisationnelles locales permettent l'application rigoureuse des règles d'hygiène et n'exposent pas au risque de transmission nosocomiale", précise le CHU francilien. Mais "au moindre doute, ils devront être transférés" dans un secteur Covid-19 positif. Le jour où ce dernier est intégralement vidé de ses patients (lire notre article), un "bionettoyage complet" s'impose pendant "un minimum de 24 heures". Cette opération, obligatoire avant tout accueil de patient non Covid-19, doit être "programmée" pour coordonner l'intervention des agents, des prestataires et des services techniques.


Dans les secteurs non Covid-19, la solution de base à privilégier à l'AP-HP est que "t
out patient entrant est placé en chambre individuelle avec sanitaires individuels, dans la mesure du possible." À défaut, il doit être dépisté par test PCR (pour réaction de polymérisation en chaîne) à son entrée dans une chambre "sas" pendant 24 à 48 heures : "Une évaluation biquotidienne de l'apparition de signes évocateurs du Covid-19 est réalisée." Aux premiers symptômes, le malade à nouveau dépisté et "immédiatement transféré" en chambre individuelle. À noter que "les chambres doubles sont utilisées en priorité pour regrouper les patients atteints du Covid-19 et pour les [...] guéris. La possibilité d'hospitaliser en chambre double les patients qui auront une sérologie positive, lorsque celle-ci sera disponible et aura été validée, sera discutée collégialement", précise l'AP-HP.

Ces recommandations sont toutefois à moduler en néonatologie, SSR et unités de soins de longue durée (USLD) gériatriques, nuance le CHU. De même, la chambre individuelle s'avère "impérative" en cas de pathologie chronique à risque de présenter une forme grave du coronavirus, ainsi que dans les secteurs où le masque ne peut être porté en continu (pédiatrie, psychiatrie...). Enfin, l'AP-HP rappelle qu'il est rigoureusement interdit de placer dans une même chambre un malade Covid-19 — ou présentant le moindre signe évocateur — avec un patient non Covid-19.

Le parcours administratif du patient fortement remanié

Le parcours administratif est lui aussi profondément remanié à l'AP-HP. La "préinscription administrative" est à favoriser, tout comme la distanciation physique aux admissions et caisses. Le CHU recommande également d'opter pour "le paiement en ligne ou à défaut le paiement par carte bleue", ainsi qu'une inscription sur le portail patient pour y récupérer les comptes rendus et prendre rendez-vous.

Un temps d'attente limité au maximum

En hôpital de jour, "l'impératif" concerne avant tout le respect de la distanciation physique et spatiale, aussi bien dans les salles d'attente que celles de soins, ce qui suppose par exemple : un "éloignement des fauteuils" ; le réaménagement des plages de consultation pour "limiter au maximum le temps d'attente" ; et l'ouverture éventuelle d'un site de consultation dédié indépendant des secteurs d'hospitalisation "en fonction des spécificités architecturales". Quant à pratiquer en amont de l'admission un test PCR éventuellement doublé d'une sérologie, c'est "à discuter au cas par cas", indique l'AP-HP. Au passage, le CHU ne cache pas que "la téléconsultation doit être encouragée et [qu'] il faudra probablement limiter les consultations présentielles dans les prochaines semaines voire les prochains mois".

De manière générale, un "bionettoyage rigoureux et régulier, notamment des points de transmission manuportée (poignées de porte, rampe dans les couloirs) et des chambres accueillant ou ayant accueilli un patient atteint de Covid-19" est demandé.

Enfin, les recommandations reprennent tout un ensemble de mesures qui touchent directement les personnels
 (lire aussi l'encadré ci-dessous). Comme pour les patients, le test PCR cible les symptômes évocateurs du Covid-19, même s'ils sont pauci-symptomatiques. Sur les hospitaliers asymptomatiques, ce dépistage est "limité à certaines indications, dont l'enquête autour d'un cas de Covid-19". Outre les masques, le texte de l'AP-HP précise aussi la tenue à porter (pyjama en tissu, à usage unique voire à défaut blouse à manches courtes, surblouse, charlotte, lunettes, visière...). Quant aux règles de distanciation lors des staffs, pauses et autres repas, "une distance d'au moins 2 mètres" s'impose quand le port du masque est impossible.

Un stand pratico-pratique devant chaque hôpital

Le port du masque chirurgical, de soins ou à défaut en tissu devient obligatoire pour tout patient et son accompagnant (en sachant que les visites restent "limitées") dès l'entrée en cas d'hospitalisation, de consultation et d'hôpital de jour. Pour les sensibiliser, chaque site de l'AP-HP va dresser à son entrée un stand pour informer, distribuer un masque à ceux qui n'en auraient pas et éduquer à la friction hydroalcoolique. Ce lavage des mains est ensuite à réaliser à chaque entrée et sortie de chambre.

S'agissant du patient, le port du masque chirurgical est systématique "dès l'entrée d'un personnel dans sa chambre ou son box, ou dès qu'il sort de sa chambre, y compris sur le plateau technique de rééducation". S'il est en chambre double, il le porte "idéalement [...] en continu (ou au moins lorsqu'il se déplace dans la chambre)", reste dans son lit et séparé de son voisin par un paravent. Enfin, chaque malade hospitalisé reçoit deux masques par jour.

Du côté des personnels (soignants, administratifs, en formation, prestataires extérieurs), ils doivent porter en continu un masque chirurgical dans tous les secteurs de l'hôpital. À noter que pour certaines activités, comme l'orthophonie, nécessitant une visualisation du visage, "le port de masque pourra être remplacé par [...] une visière pour le personnel et le patient ou la mise en place d'un écran type plexiglas".

Thomas Quéguiner

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